Bonjour tout le monde.
Une fois n’est pas coutume, j’en appelle à vous toutes et tous pour agir maintenant en partageant ce texte autour de vous, ainsi que le lien suivant: http://goo.gl/cBym5i
Vous comprendrez pourquoi c’est si important en lisant le texte jusqu’au bout. 🙂 Mais rassurez-vous, c’est avant tout une petite nouvelle (2 300 mots) d’anticipation ! ca ne vous prendre que 15-20 minutes de la lire, à mon avis.
[EDIT: ce texte (dans sa forme) m’a été indirectement inspiré par une nouvelle d’anticipation / SF d’Erik Vaucey, que celui-ci a écrit dans le cadre des « 24h de la nouvelle ». N’hésitez pas à aller la découvrir !
Un passé plein d’avenir…
Le voyage depuis Néo-Paris s’était déroulé sans accrocs. L’aérojet avait décollé, à 9 heure précise, du stratoport de la métropole volante. Elle avait survolé les quartiers périphériques, aux immeubles bas, aux lignes épurées faites d’un mélange de plastobéto et de plastoverre. Ces nouveaux matériaux composites, nés au lendemain de la guerre des matières premières, avaient remplacé béton, plastique et verre depuis longtemps.
Pourtant, depuis quelques années, un fort courant rétro réclamait ce que ses membres appelaient un « retour à la terre des origines ». Marc et Isabelle étaient de ceux-là. Lassés par la pureté sans faille des meubles de leur duplex Néo-parisien, ils avaient décidé de visiter un quartier-régénéré. Il était 9 h 10 et la gare de Rueil-Malmaison apparut à l’horizon. L’engin quadriplace à propulsion par antigravité se plaça dans l’axe de l’ancienne voie de RER, survola les rails pendant quelques instants avant de se poser juste à côté de l’ancienne station du Grand Paris Express. Celle-ci était flambant neuve.
Au signal de Pascal, l’agent immobilier, Marc et Isabelle descendirent de l’aérojet.
— Toute la ville de Rueil-Malmaison a été reconstituée à l’identique, leur expliqua Pascal. Avec les matériaux et les techniques de fabrication du du 21éme siècle !
— C’est excitant, dit Marc. Quand est-ce qu’on visite l’appartement ?
Il trépignait d’impatience et Isabelle semblait dans le même état.
— Ne vous inquiétez pas, nous n’allons plus tarder, à présent. Mais vous comprendrez qu’on ne peut pas survoler des monuments historiques tels que les immeubles qui ont été bâtis dans la région avec un engin aussi moderne qu’un aérojet. Cela jurerait. Vous imaginez l’anachronisme ?
Marc et Isabelle imaginaient sans peine. Ils hochèrent la tête, convaincus d’avance par tous les futurs arguments de leur agent. De toute façon, ils le voulaient, leur appartement rétro, et ils l’auraient. C’était la dernière mode et tous leurs amis avaient acheté une résidence secondaire dans l’un de ces quartiers historiquement fidèles, reproductions à l’identique du passé de la vieille terre. Jérôme, le frère de Marc, avait récemment acquis un manoir écossais. Même les lunarites semblaient commencer à se prendre au jeu. Deux reproductions du Kremlin avaient vu le jour dans le plus gros des cratères du satellite de la terre, l’année précédente.
— Mais du coup, s’enquit Marc, quel véhicule allons-nous prendre ?
— Un bus !
Marc et Isabelle s’entreregardèrent. Leur guide était-il devenu fou ?
— Ne vous inquiétez pas. Six lignes de bus desservent l’appartement que nous allons visiter ensemble aujourd’hui. Trois d’entre elles vous permettront de rejoindre la gare où nous venons d’atterrir, les autres desservent le stratoport de la défense, celui de Porte-Maillot et celui de Pont de Sèvres. Il y a également un aérotrain à vingt-cinq minutes à pieds, dans la ville reconstituée de Saint-Cloud, ainsi qu’un tram-jet à quelques encablures, du côté de l’ancienne Suresnes. Mais si nous y allions, à présent ?
Il sentait que ses clients fléchissaient. C’était logique : l’éloignement d’un axe ferroviaire était souvent un obstacle aux yeux de ces adeptes du courant néo-rétro. Ils voulaient pouvoir se rendre sur Néo-Paris en un claquement de doigts, sans se rendre compte que c’était presque aussi facile par le bus que par l’ancienne gare RER.
Ils se rendront vite compte des avantages qu’il y avait à prendre le bus ou le train. Au moins, ils seront assis aux heures de pointe, pas comme dans le si moderne tram-jet.
Marc et Isabelle se laissèrent finalement convaincre. Ils montèrent dans le véhicule terrestre et celui-ci s’ébranla pour rejoindre la route. Quelques minutes plus tard, ils longeaient une superbe bâtisse des anciens temps. Devant le regard interrogateur de ses clients, Pascal joua les guides touristiques :
— C’est l’ancienne mairie de Rueil, bâtie en 1868 à l’imitation du château de fontainebleau et inaugurée par Napoléon III un an plus tard. La nouvelle mairie est logée dans le bâtiment situé juste après.
Il désigna un cube présentant une alternance de vitres et de hauts murs blancs.
— Puis, sur votre gauche, vous avez la médiathèque, dans laquelle vous pourrez vous restaurer grâce à un coin café. Il accueille d’ailleurs de temps à autre des cafés littéraires ainsi que des salons du livre.
Marc hocha la tête, intéressé. Lui qui se targuait d’écrire à ses heures perdues, il pourrait se frotter aux autres auteurs de la ville en se rendant de temps à autre à cette médiathèque.
— On est encore loin de l’appartement ?
— Non. Environ vingt-cinq minutes à pieds, dix minutes en bus. Le trajet entre l’appartement et le centre-ville de Rueil est court et bien desservi par trois lignes de bus et une navette. Et il est très facile de se garer en voiture, dans le coin, grâce aux différents parkings souterrains, gratuits la première demi-heure pour la plupart.
Le bus redémarra, remonta la rue Hervet et longea une vieille église.
— Il en reste donc encore qui n’ont pas été détruite par les bombardements des cohortes des athées fanatiques ?
— Vous imaginez bien que cet édifice est une reconstitution, comme tout le reste.
Isabelle parut déçue, mais elle se consola lorsque son regard tomba sur le « M » jaune d’une enseigne bien connue.
— Tu as vu, Marc ? Ici aussi, il y en a ! Du coup, on doit être à quoi, quinze minutes à pieds de notre futur chez nous ?
— C’est ça, vous avez bien calculé, Madame, confirma Pascal. Un peu plus loin, de ce côté — donc vers l’est en partant de l’église — vous avez le bois-préau. Un endroit parfait pour venir se détendre en famille. Et de l’autre côté du Bois-Préau, vous tomberez sur le château de Joséphine, la première épouse de Napoléon.
Il conclut sa diatribe par un coup d’œil appuyé au ventre arrondi de Marc. Celui-ci se rengorgea et se caressa le ventre en soupirant.
— C’est notre second enfant, indiqua-t-il, l’air fier. J’ai aussi porté le premier !
— Il y a trois chambres dans l’appartement. Elles font entre neuf et douze mètres carrés et sont éloignées du salon. Vous pourrez donc continuer à voir vos amis sans déranger les enfants lorsqu’ils dormiront.
— Il est grand, le salon ? demanda Isabelle.
— Vingt-cinq mètres carrés. Vous verrez, nous y sommes presque.
Cinq minutes plus tard — un quart d’heures à peine s’était écoulé depuis leur départ de la gare —, ils descendirent du bus.
— Si vous continuiez sur cette ligne — la numéro 144, vers la Défense —, vous arriveriez tout d’abord à la gare du Val d’Or, puis à la station de tram-jet de Suresnes-Longchamp. Mais à présent, nous allons monter la rue du Lieutenant-Colonel de Montbrison. Suivez-moi.
La pente était rude, mais cela ne dérangea ni Marc, ni Isabelle. L’excitation de la découverte les galvanisait. Trois minutes plus tard, Pascal s’arrêta devant un portail. Il leur désigna un arrêt de bus, juste à côté, et un second, de l’autre côté de la rue.
— Il y a encore deux lignes de bus, là. La 241 vous mènera du RER de Rueil jusqu’à Porte d’Auteuil. L’autre, la 141, vous mènera de la Défense à la gare RER de Rueil. Vous y serez toujours assis, et il ne vous sera pas nécessaire de courir si vous voyez passer le 141 sous vos yeux : il y a un bus toutes les cinq minutes aux heures de pointe, alors autant attendre le suivant !
Les clients de Pascal hochèrent la tête à l’unisson. La dernière fois que Marc avait couru pour attraper un bus, il s’en était sorti avec une grosse frayeur et une vilaine entorse. Il n’était pas près de recommencer !
Pascal ouvrit une porte jouxtant le portail, à l’aide d’une clé à contact magnétique. Ils franchirent un premier parking pour se retrouver dans un petit square. Une dizaine d’enfants y jouaient au foot, mais ils s’interrompirent pour laisser passer les visiteurs. Pascal fit franchir le square à Marc et Isabelle et ils entrèrent dans le plus haut des immeubles : une sorte de barre allongée de dix étages, dont les murs affichaient une rafraichissante couleur rose pâle. Marc observa le sol, aussitôt après avoir franchi la porte d’entrée.
— C’est propre, dit-il.
— Les agents de nettoyage passent régulièrement et le gardien veille au grain ! Suivez-moi.
Il les mena à l’ascenseur et appuya sur le 8. Une poignée de secondes plus tard, ils étaient arrivés à destination. Pascal ouvrit la porte et s’effaça devant Marc et Isabelle, qui ouvrirent de grands yeux aussitôt entrés.
— Vous ne nous aviez pas menti. Le salon est grand et tout cela semble très lumineux !
— Les anciens propriétaires ont abattu quelques cloisons par-ci par-là et ils ont bien fait : cela a rendu l’entrée considérablement plus lumineuse, en effet.
Pascal désigna un meuble TV en imitation ébène, d’allure imposante.
— Pendant que j’y pense : les propriétaires sont disposés à vous laisser ce meuble. S’il vous intéresse, nous pourrons proposer un prix. Par contre, l’équipement électroménager de la cuisine reste, et gratuitement, bien sûr.
— Allons-y, je veux voir la cuisine, s’exclama Marc.
— Le cuistot de la famille, c’est lui, expliqua Isabelle, l’air de s’excuser. C‘est vrai que ça fait un peu cliché, l’homme qui porte l’enfant, qui fait la cuisine, mais je n’y suis pour rien, c’est lui qui a voulu !
— Loin de moi l’idée de juger la façon de vivre de mes clients ! se récria Pascal en rigolant.
Il ouvrit une porte donnant sur l’entrée et leur montra la cuisine.
— Elle est spacieuse et tout aussi lumineuse que le reste de l’appartement. Elle mesure douze mètres carrés. Resteront donc sur place : les plaques vitrocéramiques, le four, le lave-vaisselle, la hotte et tous les meubles. Oh, les murs porteurs aussi restent sur place, bien sûr.
Marc rit de bon cœur et ils repassèrent dans l’entrée. Pascal ouvrit deux nouvelles portes, pour leur faire « visiter » les toilettes et une petite pièce-buanderie.
— Parfait pour y mettre le lave-linge. Et là, juste à côté de l’entrée, vous avez un espace dressing.
— C’est quoi, derrière la porte en face du dressing ? s’enquit Isabelle.
— La salle de bain.
Pascal ouvrit la porte et ils pénétrèrent tous trois dans la pièce.
— La pièce n’est pas grande, mais l’espace est bien employé. Vous avez une baignoire, un meuble de rangement-lavabo et encore deux autres meubles de rangement juste là, derrière vous. Vous voyez qu’il est bien disposé et discret, vous ne l’aviez même pas remarqué !
Ils ressortirent de la salle de bain et se tournèrent vers la droite. Deux mètres plus loin, au fond d’un large couloir, se trouvaient les trois chambres.
— Celle du milieu est la plus petite. Elle fait neuf mètres carrés environ. Les deux chambres latérales font douze mètres carrés. Venez admirer la vue !
— On est orientés par où, là ? demande Marc.
— Devant vous, il y a Paris, avec Néo-Paris juste au-dessus des nuages. Sur votre gauche, le mont valérien avec son fort polygonal, hérité du milieu du dix-neuvième siècle. On y tire encore des feux d’artifice.
Isabelle se pencha par une fenêtre et admira la vue imprenable, sans vis-à-vis.
— En tout cas, on voit super loin, d’ici. Et on n’a personne en face, à notre hauteur. On va enfin se sentir chez nous, mon chéri !
— Attends, Isabelle, il reste à discuter le prix, n’oublie pas, temporisa Marc.
Il se tourna vers Pascal, qui savait bien que le plus dur était fait.
— Les propriétaires en demandent 320 000 anciens euros, mais ils sont prêts à négocier. J’oubliais de vous dire que pour ce prix là, il y a aussi deux caves et une place de parking, située juste en bas de l’immeuble.
— Cet appartement semble être une reconstitution très fidèle de la façon dont on pouvait vivre dans une grande ville de la petite couronne entourant Paris, la métropole des temps passés. C’est exactement ce que nous recherchions, dit Marc.
— Vous avez raison. Mais pour vous, il représente l’avenir, n’est-ce pas ?
— C’est vrai, confirma Isabelle. Ces matériaux nous plaisent. Le parquet est simple, mais il doit être facile à laver. Pareil pour le carrelage dans la salle de bain et la cuisine. Et le dressing est quand même bien pratique ! Mais en même temps, je me demande…
Isabelle s’assombrit.chambr
— Les écoles sont-elles à proximité ? Vu le prix, il doit y avoir un truc, non ?
— Vous avez toutes les commodités à proximité, au contraire : écoles publiques jusqu’au Lycée, privées jusqu’au collège, mairie de quartier, un grand Leclerc — d’époque ! —, un cinéma, une crèche privée, une galerie marchande avec cordonnier et pressing, etc. En toute franchise, la vue est tranquille, ici. Pas compliquée. Ce n’est pas un village-vacances, bien sûr, mais je suis sûr que vous pourrez vous y sentir à l’aise. Les voisins sont plutôt sympathiques, dans l’ensemble. Vous avez bien dû le voir : ceux que nous avons croisés nous ont dit bonjour !
— C’est vrai que ce n’était pas toujours le cas, dans les autres résidences que nous avons visitées, dit Marc.
— Alors, vous voulez déposer une offre ?
— Bien sûr que nous le voulons ! s’exclamèrent Marc et Isabelle, d’une seule voix.
Pascal sourit et leur présenta les papiers qu’il avait toujours sur lui. Il ne restait plus qu’à voir jusqu’à combien les propriétaires seraient prêts à descendre. 310 000 ? 300 000 ?
Seul l’avenir le dirait.
Flash info : l’appartement décrit dans ce texte existe réellement ! Il est bien situé là où le texte l’indique, et accessible de même. Bon, ok, il est desservi par un tramway et pas un tram-jet, un train (pas « aéro » du tout) et un RER. La gare du Grand Paris Express existera probablement un jour et une seconde, plus proche encore de l’appartement, doit être construite dans la même ville de Rueil-Malmaison. Les six lignes de bus existent bel et bien, elles aussi.
Mais surtout, il est vraiment en vente ! Pour être encore plus précis, j’en suis le propriétaire. J’ai déménagé, avec toute ma famille, bien plus loin de Paris. Nous avons donc mis notre appartement en vente sur leboncoin et c’est ICI que ça se passe.
Passez donc y faire un tour ? Si vous cherchez un appartement familial, proche de Paris et de toutes commodités, vous pourriez bien tomber sous le charme ! Ce serait quand même dommage de passer à côté d’une telle occasion, vous ne croyez pas ?
Alors, « à bientôt » !!!