L’impasse – version corrigée

Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de mettre en ligne la version initiale (que vous pouvez lire ici) ET la version corrigée (suite à des retours de lectrices) du texte « Dead End, L’impasse ». Le titre du texte devient d’ailleurs simplement « L’impasse ». Bonne lecture aux courageux / courageuses qui liront le texte, copieusement remanié par rapport à la v1.

 

L’impasse

Les carcasses des voitures, des bus et des camions, étiraient leur rouille le long des rues et avenues de la cité abandonnée. Ils donnaient l’impression de flâner et formaient un embouteillage de plusieurs centaines de kilomètres. Mais leurs roues enserrées de lianes et de lierre étaient clouées au sol et même si par miracle leurs moteurs aphones avaient encore pu fonctionner, tous ces véhicules n’auraient pu fuir nulle part.

De part et d’autres, les immeubles vides, aux fenêtres cassées, semblaient se pencher un peu plus chaque jour vers ces témoins muets de l’âge d’or de l’humanité. Certains menaçaient de s’écrouler à chaque instant. D’autres les avaient précédés depuis longtemps et leurs gravats jonchaient les trottoirs, les rendant impraticables.

Au centre-ville, le théâtre et le cinéma étaient retombés dans l’anonymat. La foule avait disparu qui, naguère, battait le pavé avec animation pour assister au jeu des comédiens et entendre les airs de célèbres musiciens.

Désormais, les visites que recevaient les sièges désossés et les scènes effondrées se limitaient à une armée de rongeurs, de chats sauvages et de chiens errants. Dans les parcs alentour, des écureuils se faufilaient encore le long des troncs d’arbre. Ceux-là faisaient partie des rares espèces à avoir survécu à la folie humaine. Car même en plein été, la ville ne bruissait plus du bourdonnement des abeilles ni du chant des oiseaux. Dans les cieux, le silence régnait désormais en maître absolu.

Depuis le cataclysme, la nature peinait d’ailleurs à reprendre le dessus. Il paraissait pourtant inévitable qu’elle y parvienne un jour. Bientôt, de nouvelles racines crèveraient le bitume des ruelles, que coloniseraient peu à peu les insectes rampants sur cette terre malade, mais en voie de guérison.

Dans les espaces urbains désertés par leurs créateurs, les derniers lieux à avoir connu la cohue des heures de pointe furent les gares. Car dans les ultimes instants, les hommes s’y réfugièrent en masse, avec au cœur le vain espoir de monter à bord de trains en partance pour la campagne et d’hypothétiques zones de quarantaine. La réalité, bien sûr, s’empressa de démentir ces rumeurs absurdes.

Car nulle région n’avait été épargnée, pas même les îles les plus isolées. Les courants marins s’étaient chargés de charrier le virus comme les vents l’avaient fait aux premiers jours du cataclysme.

La population humaine, déjà en chute constante au cours des décennies précédentes du fait de la raréfaction des matières premières essentielles à sa survie, se serait-elle soudain résignée à commettre un suicide collectif ?

Pas une voix, en tout cas, ne s’éleva pour faire cesser les activités du laboratoire Ultime Recours, financé par de puissants fonds privés.

« Il n’y a pas trente-six solutions », proclamèrent les scientifiques responsables du projet Impasse pour justifier leurs travaux. « L’humanité doit entamer une phase de décroissance rapide ou courir le risque de disparaître à très court terme ».

Isolant les germes les plus destructeurs, ils peaufinèrent leur programme de recherche qu’ils baptisèrent finalement « Grande Loterie ». L’idée était effrayante de simplicité : confectionner un virus susceptible d’éradiquer quatre-vingt-cinq pour cent de la population humaine afin de redonner à la planète le temps de souffler, de reconstituer ses réserves. Ils n’essayèrent même pas de créer un antidote. Le hasard seul déciderait des survivants.

Les résultats dépassèrent leurs espérances les plus folles.

La première semaine du cataclysme provoqué sciemment par les hommes, la moitié du règne animal périt. Le mois suivant, les trois quarts de la faune et la quasi-totalité des humains disparurent de la surface de la Terre. Les quelques survivants, retombés dans la sauvagerie, ne tarderaient pas à s’éteindre pour de bon.

Et au sein de la zone d’isolement de l’hôpital privé où étaient nés les germes de la destruction, les derniers cadavres de ceux qui s’étaient cru les égaux des Dieux achevaient de se décomposer dans l’indifférence générale.

 

Mots à exploiter, issus du blog d’Asphodèle – Les plumes de l’écriture:

Voiture / rue / immeuble / abeille / théâtre / anonymat / animation / pavé / visite / parc / asphalte ou bitume / bus / fuite / flâner / embouteillages / urbain / gare / cohue / chuter / constant ou constance / hôpital

Les plumes d'Asphodèle

Dead End / L’impasse

Ce texte a fait l’objet d’une version corrigée, que vous pouvez lire ICI.

N’hésitez pas à lire les deux versions si vous voulez constater le chemin parcouru.

La file de voitures étirait sa rouille le long des rues et avenues de la cité abandonnée. Les immeubles vides, aux fenêtres cassées, semblaient se pencher un peu plus chaque jour vers ces témoins muets de l’âge d’or de l’humanité. Certains menaçaient de s’écrouler à chaque instant.

D’autres les avaient précédés depuis longtemps et leurs gravats jonchaient les trottoirs, les rendant totalement impraticables.
Même en plein été, le ciel ne bruissait plus du bourdonnement des abeilles ni du chant des oiseaux. Dans le ciel, le silence régnait en maître absolu.
Au centre-ville, le théâtre et le cinéma étaient retombés dans l’anonymat le plus total. La foule avait disparu qui, naguère, battait le pavé avec animation pour assister au jeu des comédiens et entendre les airs de célèbres musiciens.

Désormais, les visites que recevaient les sièges désossés et les scènes effondrées se limitaient à une armée de rongeurs, de chats sauvages et de chiens errants. Ceux-là faisaient partie des rares espèces à avoir survécu à la folie humaine, le ciel étant désormais vide de toute présence animale.

Dans les parcs alentours, cependant, des écureuils se faufilaient encore le long des troncs d’arbre.

La première semaine du cataclysme que les hommes avaient voulu provoquer de façon ciblée, puis qu’ils n’avaient pas su empêcher de s’étendre au monde entier, la moitié du règne animal avait péri. Le mois suivant, c’étaient les trois quarts de la faune et la quasi-totalité des êtres humains qui avaient disparu de la surface de la terre. Les quelques survivants étaient retombés dans la sauvagerie et ne tarderaient pas à s’éteindre pour de bon.

Depuis le cataclysme, la nature peinait à reprendre le dessus. Il paraissait pourtant inévitable qu’elle y parvienne, avec le temps. Bientôt, de nouvelles racines crèveraient le bitume des ruelles, que coloniseraient peu à peu les insectes rampants sur cette terre malade, mais en voie de guérison.

Déjà, les roues des voitures et des bus alignés en longues et immobiles files indiennes, étaient enserrées de lianes et de lierre. Même si par miracle leurs moteurs aphones avaient encore pu fonctionner, tous ces véhicules cloués au sol ne pourraient plus fuir nulle part. Au contraire, ils semblaient flâner dans la ville et formaient un impressionnant embouteillage de plusieurs centaines de kilomètres.

Dans cet espace urbain déserté, les derniers lieux à avoir connu la cohue des heures de pointe avaient été les gares. Dans les ultimes instants, les hommes s’y étaient réfugiés en masse, dans le vain espoir de monter à bord du dernier train en partance des grandes métropoles pour rejoindre ces lointaines campagnes qu’on avait dit épargnées. La réalité, bien sûr, s’était empressée de démentir ces rumeurs absurdes.

Car nulle région n’avait été épargnée, pas même les îles les plus isolées. Les courants marins s’étaient chargés de charrier le virus comme les vents l’avaient fait aux premiers instants du cataclysme.

La population humaine, déjà en chute constante avant les prémices du désastre du fait de la raréfaction des matières premières essentielles à sa survie au fil des décennies précédentes, s’était-elle finalement résignée à commettre un suicide collectif ?

Pas une voix, en tout cas, ne s’était élevée pour faire cesser les recherches du laboratoire Dead-End, financé par de puissants fonds privés. « Il n’y a pas trente-six solutions », proclamaient-ils alors, pour justifier leurs travaux. « L’humanité doit entamer une phase de décroissance ou périr, à très court terme ».

Les résultats avaient dépassé leurs espérances les plus folles.

Dans l’hôpital privé où étaient nés les germes de la destruction de l’humanité, au sein de l’espace d’isolement où tout avait commencé, les derniers cadavres d’êtres humains achevaient de se décomposer, dans l’indifférence générale.

 

Mots à exploiter, désignés par le blog d’Asphodèle – Les plumes de l’écriture:

Voiture / rue / immeuble / abeille / théâtre / anonymat / animation / pavé / visite / parc / asphalte ou bitume / bus / fuite / flâner / embouteillages / urbain / gare / cohue / chuter / constant ou constance / hôpital

Les plumes d'Asphodèle

Les plumes d’Asphodèle

 

Bilan hebdomadaire n°6

Bonsoir à tous et à toutes,

Cette semaine fut calme. En cause, plusieurs soirs où je n’ai pas pu écrire, pour une raison X ou Y (enfin, plutôt Z, d’ailleurs. ^^)

J’ai quand même écrit et partagé « L’amour à 30°« , texte de 900 mots environ qui a eu son petit succès au vu des commentaires plutôt positifs. Pour une rare incursion de ma part dans la « blanche », je trouve appréciable d’avoir ce genre de retour. Merci aux lecteurs / lectrices, donc, et à leurs commentaires !

J’ai partagé l’article « Beyond Your Blog: Freelancing, Getting Paid to Write, and Writing for Free« , un article lu sur « daily post » et qui m’a paru intéressant, bien que je pense qu’il ne fait qu’effleurer la surface du thème évoqué.

J’ai également chroniqué le livre « Les Arcanes du temps » de Lionel Behra. Un livre que je recommande à ceux que les voyages dans le temps ne rebutent pas. 🙂 Il s’agit là d’un bon texte saupoudré de SF, baignant de façon intelligente dans une trame historique (liée à Jean d’Arc) sans se transformer pour autant en cours d’histoire façon amphithéâtre de faculté. Ce livre m’a fait rater un arrêt de bus. 🙂

Enfin, j’ai partagé un court texte microphéméridien, « ‘Pataphysique et boucle temporelle » traitant du… Voyage dans le temps. ^^

Ce fut une semaine placé sous le signe des voyageurs temporels, en somme.

Bonne soirée, bonne fin de dimanche, et à la semaine prochaine.

L’Amour à 30°

La lune éclairait la chambre de ses pâles rayons argentés, baignant d’une lumière diffuse le visage de Marc. Émilie le regarda quelques instants, un demi-sourire aux lèvres. Elle portait toujours l’élégant tailleur crème et l’écharpe de laine blanche, désormais réduits à l’état de serviette-éponge, qu’elle avait revêtus en début d’après-midi.

L’entretien d’embauche qui avait suivi s’était pourtant plutôt bien déroulé, de l’aveu même du recruteur. Il avait notamment vanté la prestance de la jeune femme.

— Vous n’êtes pas comme les autres. Vous avez un petit quelque chose qui vous distingue de toutes les candidates que j’ai vu défiler devant moi ces dernières semaines, avait-il insisté. Vous êtes raffinée dans votre manière d’être et vous faites preuve d’un aplomb rare, pour votre âge.

Émilie n’avait pas osé le détromper, à ce stade. Son visage aux traits lisses, aux joues légèrement rebondies et sa voix douce la faisaient paraître plus jeune que son âge réel. Elle le savait et en jouait volontiers. Le recruteur avait alors embrayé, lui détaillant les travers de ses concurrentes directes au poste d’hôtesse d’accueil de la chaîne d’hôtel Latgo****. Émilie comprit bientôt qu’elle avait bien fait de se taire en écoutant son interlocuteur faire montre d’une singulière cruauté en abordant le cas d’une femme de vingt-huit ans considérée « beaucoup trop vieille pour ce type d’emploi ». Émilie en avait vingt-neuf.

Les maigres espoirs de la jeune femme, entretenus jusque-là par les propos élogieux du recruteur, s’évanouirent d’un coup. Tôt ou tard, il regarderait mieux son dossier et se rendrait compte de son âge véritable.

« Encore un poste inaccessible », avait-elle songé en prenant congé. Seul avantage, l’entretien s’était conclu plus rapidement que prévu. Émilie décida d’en profiter pour faire une surprise à son compagnon. Elle prit pourtant le temps d’acheter des pâtisseries aux figues de barbarie, puis rentra directement chez elle, le cœur battant.

Depuis quatre ans qu’ils étaient ensemble, Marc et elle, Émilie avait le sentiment de planer sur un petit nuage. Elle n’attendait désormais plus qu’une chose, avec une impatience qu’elle avait de plus en plus de mal à masquer, ce qu’elle considérait comme le point d’orgue de la vie de couple : la demande en mariage.

Ces jours-ci, Marc semblait nerveux et elle l’avait vu à plusieurs reprises dissimuler une boite carrée dans sa poche. Mais elle avait eu beau fouiller ses habits, elle n’avait jamais rien trouvé. Pourtant, elle avait eu le sentiment, ce matin là, que le grand jour était enfin arrivé : Marc, pour la première fois depuis le début de la semaine, l’avait regardée droit dans les yeux et l’avait embrassée avec une vigueur renouvelée, comme aux premiers jours.

— C’est pour ce soir, j’en suis sûre, avait-elle murmuré en descendant du bus à l’arrêt de la place de la Cathédrale.

La pluie s’était alors mise à tomber à torrents, faisant déborder les caniveaux et les gouttières en moins d’une minute. Un instant, Émilie s’était crue transportée en Inde, à l’époque de la mousson. Le vent s’était soudain levé, soufflant en longues rafales s’interrompant brusquement pour reprendre de plus belle, faisant chanceler la jeune femme sous de véritables coups de boutoir. On était loin des alizés qui avaient prédominé ces derniers jours. La moiteur accompagnant ce déluge avait même donné l’impression à Émilie de nager au milieu d’une rivière tropicale en crue. Du haut de la cathédrale, les gargouilles avaient semblé se moquer de cette jeune femme traversant la place piétonne en courant comme une folle, sac à main au dessus de la tête dans une futile tentative de se protéger de la pluie battante. C’est trempée des pieds à la tête qu’elle était rentrée chez elle.

Il n’y avait pas un bruit dans l’appartement. Marc devait faire la sieste.

Au centre de la table du salon trônait un panier empli de pommes. Émilie avait posé ses pâtisseries, s’était saisie du couteau à dents qui traînait là, puis d’un fruit. Elle l’avait coupé en quartier avant de mordre dans l’un d’entre eux, machinalement. Puis, elle s’était dirigée vers la chambre à pas de loups et avait ouvert la porte, tout en douceur. Malgré les flots de soleil qui se déversaient dans la pièce – ou peut-être à cause d’eux – elle n’avait vu qu’au tout dernier moment la forme allongée du côté droit du lit. Marc l’enlaçait en dormant, sa main droite frôlant la poitrine de la jeune femme aux cheveux blonds qu’Émilie reconnut aussitôt : Aurélie, une collègue de Marc que celui-ci avait invitée à dîner à deux ou trois reprise le mois précédant.

Mais il était tard, à présent… Émilie leva les mains devant son visage. Dans la pénombre, elle ne savait plus si le liquide poisseux qui maculait ses doigts était de la boue ou bien… Elle lâcha son couteau, qui tomba au sol dans un léger tintement métallique. Elle avait encore en tête le cri muet de Marc lorsqu’elle lui avait tranché la gorge. Le hurlement de terreur d’Aurélie au moment où la lame s’était enfoncée dans son sternum.

Émilie parcourut la chambre du regard. De longues trainées noires souillaient les draps. La jeune femme se demanda si l’hémoglobine partirait mieux à 30° ou à 90°. Elle haussa les épaules. Autant tout brûler, ce serait plus simple.

Mots à exploiter, désignés par le blog d’Olivia Billington – Des mots, une histoire :

élégance – prestance – raffinement – cruauté – barbarie – orgue – cathédrale – gargouille – gouttière – pluie – mousson – alizés – moiteur – douce – laine

Consigne (heureusement – car non respectée ici) facultative : commencer le texte par la lettre A et le terminer par la lettre Z

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Chronique – Lionel Behra – Les Arcanes du temps

Lien vers la page du livre aux Editions Rebelle

Titre : Les Arcanes du Temps
Auteur : Lionel Behra
Editeur : Rebelle
Nombre de pages : 441 pages sur ma liseuse kobo… 426 pages en version papier selon le site de l’éditeur

Quatrième de couverture :

Et si les voix que Jeanne d’Arc prétendait entendre n’étaient pas d’origine divine et que la réalité se révélait plus stupéfiante encore ? Et si une technologie de voyage intertemporel permettait d’agir sur le passé pour modifier le présent?
Après de multiples aventures, Khéléan va découvrir que notre Histoire n’est que le fruit d’une incroyable machination…

A lire absolument si on aime :
– Les voyages dans le temps rondement menés
– Des personnages humains et crédibles, avec leurs forces et leurs faiblesses
– De l’aventure, un côté épique
– Un décor fouillé, des recherches historiques (et une redécouverte de notre histoire) sous-tendant l’intrigue sans pour autant devenir un livre d’histoire

A éviter si on cherche :

– La violence gratuite
– Les mauvais sentiments

Mon avis :
Au début, j’avoue, je me suis un peu perdu dans les noms. J’ai aussi eu du mal (au début, toujours) à voir comment les différents personnages allaient bien pouvoir interagir ensemble, quels rapports ils pouvaient avoir les uns avec les autres. Il y a pas mal de personnages avec des histoires forts différentes, il faut dire. De plus, j’ai eu un bête problème de liseuse pendant 2 semaines, ce qui a coupé ma lecture assez rapidement après le début (vers 14%). Bref, cela ne m’a pas aidé à entrer dans l’histoire, de façon totalement indépendant de la qualité du livre.

Pour autant, malgré ce nombre relativement important de personnages, aucun d’entre eux ne m’a semblé avoir été inutile (j’ai un peu hésité au sujet de l’un d’entre eux, mais j’ai fini par changer d’avis). Dans certains livres, un au moins des personnages semble « ajouté » à la dernière minute sans avoir de rôle réel. Ici, je ne l’ai pas ressenti. Au contraire, chacun des personnages apporte un réel plus à l’histoire, selon moi, même s’il y a évidemment des personnages plus déterminants pour l’intrigue que d’autres.

Concernant les voyages dans le temps, je n’ai pas détecté d’incohérence, même si je n’ai personnellement pas totalement la même façon d’envisager les implications d’un retour vers le passé. Mais après tout, l’auteur ne donne pas forcément sa vision des choses, mais seulement celle de ses personnages. Eux-même ne sont d’ailleurs pas tous d’accord sur le sujet.

Sur le fond de l’histoire, passés les 2-3 tous premiers paragraphes qui m’ont fait un peu hésiter, et une fois résolu mon problème de liseuse, je suis assez rapidement entré dedans et n’en suis plus ressorti jusqu’à la fin. Les Arcanes du temps sont pour moi un bon livre, agréable à lire et au style fluide, qui s’efface efficacement derrière l’histoire, celle-ci gardant clairement la priorité tout au long du livre.

Le petit plus du livre :
L’optimisme prévaut malgré tout, sans jamais tomber dans la naïve candeur. C’est également un livre qui sait jouer sur les rebondissements et être « vrai » jusqu’au bout malgré le thème SF du voyage dans le temps, qui aurait pu inciter l’auteur à céder à la facilité, comme certains avant lui.

‘Pataphysique et boucle temporelle…

« Un déclic, le son de la bande qui commence à tourner, puis la voix de Thom s’élève dans la pièce :

— « Fête Suprême Quarte de Sainte Marmelade », lut-il péniblement. Markus, mais c’est quoi ce délire ?

— Ce n’est pas un délire, c’est une fête que j’ai imaginée pour aller avec l’invention du siècle.

— Laquelle ?

— Je parle de l’invention phare de la fin du 19éme siècle. Autrement dit, de la ‘Pataphysique.

— La « quoi » ? s’exclama Thom, manifestement incrédule.

— La science des exceptions. Tu verras, demain tu seras un expert en la matière, je te le garantis. »

À ce stade, Markus Jarry arrête l’enregistreur. Puis, il relève la tête pour fixer Thom du regard

— Tu as reconnu ta voix, non ?

— Oui, j’avoue, c’est bluffant. Et je n’ai aucun souvenir de cette conversation.

— Tu me crois, maintenant, quand je te dis que les voyages dans le temps peuvent modifier notre vie ? Hier encore, tu me soutenais mordicus que toute tentative d’influencer un évènement du passé ne pouvait que créer un nouvel espace-temps parallèle, sans du coup changer notre propre présent. Alors ?

— Bon, ok, tu m’as eu. Bien sûr, j’ai déjà entendu parler de cette Science et je sais que Boris Vian a été satrape du collège de ‘Pataphysique. Mais tu avais vraiment besoin de trouver des noms pareils ? « L’ordre de la grande gidouille »… Sérieusement, c’est quoi ton problème ?

— Tout le monde a droit à son petit délire, non ? rétorque Markus, vexé comme un pou.

***

Le 19 février 2150, pour gagner un pari, un voyageur du futur décide de créer la Science de la ‘Pataphysique. Il en suggère l’idée à Alfred Jarry, un lointain ancêtre et glorieux inconnu jusqu’alors.

Bilan hebdomadaire n°5

Bonsoir à tous / toutes,

Pas de grosse news cette semaine. Comme prévu la semaine dernière, j’ai expurgé « E-kho-6(tm) » (lire: écosystème) de ses répétitions. Pour rappel, il s’agit d’un texte court (2 500 mots) destiné au prix René Barjavel. Je l’ai envoyé à 1 ou 2 personnes triées sur le volet et donné à lire à une collègue de travail. Le retour de « simples » lecteurs est aussi intéressant que celui de « bêta-lecteurs », puisqu’ils ont une approche radicalement différente dans leur façon de faire part de leur avis. Les deux types de lecteurs, donc, me semblent importants.

Surtout qu’au final, une fois édité, un texte (roman ou nouvelle) est plutôt lu par des « lecteurs » que par des « bêta-lecteurs », n’est-ce pas?

A part ça, j’ai écrit un texte de 1 900 mots sur une histoire de zombies. Je ne l’ai pas partagé: je garde l’espoir de l’allonger un peu, mais ce ne sera pas si facile que ce que je pensais au début. Nous verrons bien.

Sinon, j’ai continué à réfléchir au synopsis de ma prochaine nouvelle Steampunk, pour l’appel à textes des éditions Elenya. J’ai trouvé ma fin et imaginé l’univers dans les grandes lignes (et certaines lignes « plus petites »). Je devrais donc pouvoir l’écrire à compter de demain matin, même si je m’interromprai un jour ou deux pour le prochain atelier d’Olivia Billington.

Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée de dimanche (qui fut très ensoleillé et, peut-être, un peu moins pollué?)

Hama…

— Bon, tu joues ou pas ? s’impatiente Mak en agitant ses tentacules en direction d’Hembar.

Le télépathe vénusien hoche la tête et se saisit d’un de ses pions. Il inscrit dessus le chiffre « 150 » et le place sur une carte figurant la terre.

— Je fomente une rébellion en Épiphania avec cent-cinquante de mes frères musulmans, déclare Hembar avec un sourire tordu.

— T’as pas bientôt fini, avec tes coups foireux en Syrie ? s’énerve Jips, le vaporeux représentant de Saturne et troisième joueur. Ça fait six ans que ça dure. ET je te signale qu’on est en 1982, dans le jeu, et que la ville dont tu parles s’appelle Hama et non plus Épiphania.

— Je m’en fiche, réponds Hembar.

— Mais merde, Hembar, j’ai de l’artillerie lourde juste à côté, je vais écraser tes foutus frères musulmans et réduire Hama à un gros tas de ruines fumantes en moins d’une semaine ! Tu joues pour perdre, c’est ça ?

— Non, je joue pour t’emmerder. Et même si tu me bats, je reviendrai trente ans plus tard, encore plus fort. Et là, je te garantis que tu auras du mal à me vaincre.

— Mouais, ça reste à voir, fulmine Jips en s’emparant du sablier.

— Hé, les gars, si c’est pour faire la gueule, je le bazarde, moi, ce nouveau jeu. Ou alors, je fais exploser la planète terre et on n’en parle plus.

— Tu  n’oserais pas, tranche Hembar.

— Me tente pas, mon gars. Me tente pas…

Le 2 février 1982, 150 frères musulmans se soulèvent en Syrie, dans la ville de Hama. Cette tentative est sévèrement réprimée par le régime de Hafez al-Assad et marque la fin de la révolte des frères musulmans en Syrie, dans les années 1980.

Aujourd’hui, l’histoire se répèterait-elle ?

C’était un texte « Microphéméride »

image microphémérides

Oppression

— Qu’est-ce qu’il nous veut ? demanda Isa à son amie Marje en chuchotant.

— Je sais pas. Mais j’aime pas la façon dont il nous regarde.

— Ouais, moi non plus. En plus, la rame s’est vidée, ça craint.

— On change de wagon ? suggéra Marje.

— Oui, t’as raison. Filons d’ici, conclut Isa en faisant coulisser la porte vitrée qui séparait les rames.

— Mince ! Celle-ci aussi est vide…

— Dépêchons-nous de rejoindre la suivante, je veux pas être seule à côté de ce malade, s’exclama Isa .

— Vide !

— Et le type nous suit, figure-toi, bredouilla une Isa de plus en plus affolée.

En faisant volte-face, Marje aperçut effectivement la silhouette efflanquée de l’homme qui les suivait. Il était en train de traverser le wagon précédent et venait dans leur direction. Il ne faisait plus aucun doute qu’il en avait après elles. Étrangement, le vacarme dû aux cahots des roues du train sur les voies sembla soudain s’évanouir, pour être remplacé par un silence assourdissant.

— On a dû s’arrêter ! Sortons d’ici ! beugla Marje en se précipitant vers la porte de la rame qui donnait sur l’extérieur.

Quand le battant s’ouvrit brutalement sous la pression qu’elle exerçait, elle se figea devant l’inconcevable. Apeurée, acculée par l’oppression qu’exerçait sur elle l’étranger, Isa rejoignit son amie et ce qu’elle vit à son tour la laissa sans voix. Ce n’était pas du vide. C’était le néant absolu, l’absence de toute chose. Comme si le train s’était immobilisé entre deux dimensions, incapable de franchir l’une ou l’autre des frontières qui le séparaient du réel.

Et dans leur dos, l’homme s’approchait inlassablement.

Ce texte est le second écrit par Agreste Piaf, pseudonyme collectif à 4 mains en collaboration avec Sylvain-René de la Verdière.