Notre barge de débarquement vibre de tous ses boulons, sous l‘effet des perturbations cosmiques puis lors de l’entrée dans l’atmosphère de la planète Bargorian. Mon casque intégral, équipé des dernières technologies en matière d’aide à la vision, vient heurter la maigre paroi métallique qui nous sépare du vide et d’une mort certaine.
Les rétrofusées entrent en action moins de cent mètres au dessus du sol, nous écrasant les épaules contre les harnais qui nous maintiennent en position assise. Sans notre harnachement de sécurité, nos corps auraient été instantanément réduits à une fine couche de mélasse, écrasée sur le plafond de notre vaisseau.
Une lumière rouge illumine soudain l’avant de la barge, et les harnais se détachent. Nous bondissons sur nos pieds et nous précipitons au sol dans un bel ensemble. J’empoigne mon fusil d’assaut et cherche du regard une aspérité du terrain derrière laquelle me protéger des tirs ennemis.
Une muraille de pierres disjointes m’accueille finalement, et je progresse pas à pas avec mon unité jusqu’à atteindre le QG adverse. Derrière cette grille en fer forgé nous attend l’Essaim, union de centaines de millions de créatures chitineuses et de cauchemars, toutes réunies par la pensée à leur unique Reine, la Diir-Hék-Trisse Suprême.
Soudain, les grilles s’ouvrent dans un lent grincement sinistre, et la horde déferle sur nous. Nous nous retrouvons rapidement submergés, dépassés en nombre à hauteur de dix insectoïdes pour chacun d’entre nous. Un corps à corps terrible s’engage tandis que nous tentons de remonter dans notre barge. J’esquive la charge d’un Ennemi lorsqu’il s’exclame soudain, dans une petite voix flutée et en me sautant dessus toutes griffes dehors :
— C’est super que tu nous accompagnes à l’Aquarium, papa ! Tu t’assois à côté de moi dans le bus, dit, hein papa ? Allez, steuplait !