Opération Commando

Notre barge de débarquement vibre de tous ses boulons, sous l‘effet des perturbations cosmiques puis lors de l’entrée dans l’atmosphère de la planète Bargorian. Mon casque intégral, équipé des dernières technologies en matière d’aide à la vision, vient heurter la maigre paroi métallique qui nous sépare du vide et d’une mort certaine.

Les rétrofusées entrent en action moins de cent mètres au dessus du sol, nous écrasant les épaules contre les harnais qui nous maintiennent en position assise. Sans notre harnachement de sécurité, nos corps auraient été instantanément réduits à une fine couche de mélasse, écrasée sur le plafond de notre vaisseau.

Une lumière rouge illumine soudain l’avant de la barge, et les harnais se détachent. Nous bondissons sur nos pieds et nous précipitons au sol dans un bel ensemble. J’empoigne mon fusil d’assaut et cherche du regard une aspérité du terrain derrière laquelle me protéger des tirs ennemis.

Une muraille de pierres disjointes m’accueille finalement, et je progresse pas à pas avec mon unité jusqu’à atteindre le QG adverse. Derrière cette grille en fer forgé nous attend l’Essaim, union de centaines de millions de créatures chitineuses et de cauchemars, toutes réunies par la pensée à leur unique Reine, la Diir-Hék-Trisse Suprême.

Soudain, les grilles s’ouvrent dans un lent grincement sinistre, et la horde déferle sur nous. Nous nous retrouvons rapidement submergés, dépassés en nombre à hauteur de dix insectoïdes pour chacun d’entre nous. Un corps à corps terrible s’engage tandis que nous tentons de remonter dans notre barge. J’esquive la charge d’un Ennemi lorsqu’il s’exclame soudain, dans une petite voix flutée et en me sautant dessus toutes griffes dehors :

—     C’est super que tu nous accompagnes à l’Aquarium, papa ! Tu t’assois à côté de moi dans le bus, dit, hein papa ? Allez, steuplait !

Une heureuse et belle nouvelle pour 2014 suivie de « Pourquoi, oui, pourquoi? »

Avant de répondre à votre question, je me permets de me couper la parole à moi-même pour vous faire part d’une heureuse et belle nouvelle !

Je devrais, sous très peu de temps, recevoir dans ma bien-aimée boite aux lettres un pré-contrat d’édition pour ma future série des Terres Sombres. Le Pitch? Ah, le pitch:

 » Un millénaire après la guerre des failles, la paix est revenue sur Inusiel, la planète des féériques, ainsi que sur Massada, monde où vivent de nombreuses peuplades humaines. Mais de la rencontre imprévue entre Bérune, jeune fée au caractère taciturne et renfermé, et Yosht Rammer, guerrier nomade, découlera d’inquiétants événements… »

Gardons le mystère et n’en dévoilons pas davantage, ok?

Pour rappel, la semaine dernière, j’ai raconté ma vie d’écrivaillon et tenté d’expliquer « comment » j’écris. Ca se passe ici.

Maintenant que les présentations sont faites, passons à la question de la semaine:

« Pourquoi écrivez-vous, Monsieur Bléval? »

Ah, excellente question… Merci de l’avoir posée.

J’écris parce que j’aime ça. J’écris parce que j’ai ça dans le sang. J’écris parce que ma vie, c’est ça.

Pourquoi n’écrirais-je pas? J’ai parfois le sentiment que c’est ce que je fais de mieux, aussi. Quoi que mes tableaux de chiffres sous excel, dans mon travail de la vraie vie alimentaire, sont plutôt sympathiquement jolis aussi. 🙂

J’aime voir se dérouler mes histoires, j’aime découvrir les surprises que me réservent mes personnages, lorsque se déroule l’intrigue.

J’aime aussi qu’on me lise et ce d’autant plus que j’ai la chance, jusqu’à aujourd’hui, de ne recevoir (presque) que des commentaires positifs. 🙂

J’écris comme je respire, j’écris à chaque instant de liberté, ou presque, sauf quand je tombe vraiment de sommeil. Et encore.

Quand je dors, je synopsise ou je dialoguise. Je refais mes univers.

Bon, je ne me souviens pas de tout au réveil, le lendemain, et c’est probablement mieux ainsi. Mais tout cela nourrit certainement mon imaginaire, non?

Et vous, pourquoi écrivez-vous ? Pour vivre, par plaisir (les deux options ne s’excluant pas mutuellement) ? Pour vous faire lire par vos ami(e)s, votre famille, le monde entier ? Pour votre plaisir personnel?

N’hésitez pas à vous dévoiler, allons, ne soyez pas timides !

Bien à vous.

L’antre de l’Ogresse

Courbé en avant, la main posée sur la garde de ma dague, je progresse tel un fantôme dans les entrailles sombres du château du Seigneur de Basse-fosse. Seules quelques  rares torches dispensent leurs maigres halos jaunâtres par endroits, et ma cape fuligine me rend presque invisible dans la pénombre ambiante.

Bientôt, des cris de terreur et de souffrance me parviennent au détour d’un couloir aux murs suintants de salpêtre. D’une porte entrouverte filtre une lumière crue, bleutée. De la magie, très probablement.

C’est de là que proviennent les hurlements lugubres entrecoupés de crises d’un rire démoniaque et malsain que j’entends depuis une poignée de longues minutes. D’une main, je pousse le battant de la porte puis, d’un bond, je m’élance en avant en criant comme un possédé pour me donner du courage.

— Myriam, tu n’as toujours pas rangé ta chambre ! Il est 21h, tu devrais déjà être couchée et la femme de ménage passe demain ! Dépêche-toi, maintenant, sinon je confisque tout ce qui traîne ! Quant à vous deux, Camille, Thomas, filez vous coucher !

Ma fille baisse la tête, penaude et vexée. Je ressors de la pièce tête haute.

J’ai vaincu l’ogresse Myriam et ses deux petites victimes sont sauves.

Force reste à la loi !

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Merci encore d’avoir lu et, j’espère, apprécié cet instant de détente !

Car il y a façon… et façon…

Comment écrivez-vous? De quelle façon vous organisez vous? Travaillez-vous avec des synopsis? Dans quelles conditions écrivez-vous?

Etc…

Autant de questions qu’on… ne m’a jamais posé. Hé oui, je suis encore un de ces auteurs de l’ombre que personne n’attend, et auxquels on ne va pas demander comment ils pratiquent leur métier puisque… bref.

Mais ça ne m’empêchera pas d’y répondre quand même, à ces questions non posées !

Comme écrivez-vous? me demandiez-vous donc en choeur…

Avec beaucoup de patience et de ténacité. Choses importantes dont j’espère m’être constitué un stock suffisant pour me tenir encore 99 ans au bas mot. Et beaucoup de « colle à culs ». Expression chopée sur le livre d’Elizabeth Georges « mes secrets d’écrivain ». Il faut donc savoir se psoer sur son siège / fauteuil / canapé et s’y coller, au turbin.

Parceque vu le peu de temps libre que j’ai en dehors du boulot / famille / autres passes-temps et hobbies (joufflus de préférence), si j’attends que ma muse vienne me chanter des « Alléluia » dans le creu de l’oreille pour écrire, je ne suis pas rendu. Et ce n’est pas dans cinq mois que mon roman sera terminé, mais dans dix ans.

Alors comment j’écris? Ca dépend.

Sur l’ordinateur directement quand je le peux et que j’ai pris des congés « spécial écriture » comme ça m’arrive de temps en temps. Sinon, et bien c’est dans le bus, sur un cahier à spirale dans un premier temps, puis recopiage le soir comme un forcené.

Mon record? Environ 1 700 mots griffonnés sur papier puis recopiés sur ordi dans une journée. J’en suis fier !

De quelle façon je m’organise?

Bien, j’espère. Pour mon roman, que j’ai scindé en X épisodes pour me faciliter la vie (nombre non totalement déterminé à ce jour), j’ai d’abord déterminé des « passages obligés » pour plusieurs de mes personnages, principaux ou secondaires.

Puis, à partir de ces éléments, j’ai déterminé les « cliffs-hangers » que je voulais avoir à la fin d’un certain nombre d’épisodes. Ca peut évoluer au fil de l’écriture, bien sûr.

Enfin, j’ai rédigé des synopsis plus détaillés à partir des éléments de base sus-nommés ci-dessous. Pour le moment, je les rédige « deux par deux ».

Donc, j’ai d’abord écrit les syno des épisodes 1 et 2, puis 3 et 4.

Mais je ne me bride pas, je laisse mes personnages prendre des libertés avec le fil rouge du synopsis. C’est ainsi que par rapport à mes prévisions initiales, deux personnages ont d’ores et déjà fait une apparition inopinée autant qu’imprévue dans l’histoire.

Ce qui répond à la question suivante, à savoir « utilisez-vous des synopsis? ». Chouette, d’une pierre deux coups.

Passons donc à la dernière question, si vous le voulez bien. Merci.

Dans quelles conditions écrivez-vous?

Toutes les conditions imaginables. Debout en attendant le bus. Debout DANS le bus (les fesses calées sur le fauteuil d’un bienheureux assis). Idéalement, assis chez moi, sinon assis dans le bus.

Au milieu des enfants qui crient dans le salon ou qui regardent un dessin animé. Pas facile de se concentrer dans ces conditions, mais bon, mon ordi est dans le salon, lui aussi, et je ne suis pas sûr d’avoir envie qu’écrire me coupe complètement de ma famille. Au moins, là, ils me voient et réciproquement. On ne risque pas de se demander, les uns les autres, « qui êtes-vous monsieur / mademoiselle », hein. Ce serait ennuyeux, vous en conviendrez.

Voilà, vous savez tout.

 

Et vous? Dans quelles conditions parvenez-vous à écrire? Avez-vous besoin de votre bulle, ou bien vous accommodez-vous d’une certaine dose de brouhaha autour de vous?

Dans la salle des archives

Les talons hauts de la secrétaire d’État à la défense claquent sur le sol de béton brut. Nous pénétrons dans le Saint des Saints – la salle des archives les plus secrètes de la CIA – sous le regard froid, scrutateur, d’une dizaine d’hommes en armes.

Les portes se referment derrière nous avec un léger chuintement et le silence retombe, pesant. Seul un ronronnement discret signale le fonctionnement continu d’une VMC.

Rangées sur rangées d’étagères – croulant sous le poids de milliers de cartons méticuleusement scellés – nous font face à présent. Miss Goodysnot me désigne l’une de ces tranchées sombres, emplies de mystères et d’artefacts depuis longtemps oubliés.

—     Va me chercher une boite de petits pois et des pâtes. On se retrouve aux légumes frais. Hep, chéri, tu m’écoutes ou pas ? Tu as l’air ailleurs.

—     Non, je t’ai entendue. Petits pois, pâtes. C’est dans mes cordes. À tout de suite.

Je m’éloigne d’un pas vif en direction de mon objectif. Cette fois encore, la secrétaire sera fière de son serviteur le plus fidèle !

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Merci encore d’avoir lu et, j’espère, apprécié cet instant de détente !

Arpanet (du tout)

—     Bonjour, passez-moi Robert … C’est Vinton. Oui, j’attends… Ah, Monsieur Kahn ? C’est fait. Nous pourrons basculer en full TCP / IP à compter du 1er janvier prochain.

Par cette phrase, vraisemblablement prononcée en décembre 1982, le réseau ARPANET est lancé sur les rails qui entraîneront inexorablement l’humanité tout entière, quelques décennies plus tard, vers « l’internétisation » à outrance de la planète.

Au même instant, sur la face cachée de la lune…

—     Ils sont foutus, et ne le savent pas encore… murmure Zargolb dans son dialecte d’Alpha du centaure. En tout cas, les instructions que nous avons envoyées à ce Robert Kahn et à son associé Vinton Cerf ne sont pas tombées dans l’oreille de sourds.

—     Nous devrons être patients, lui répond Krator, résident jupitérien, dans une série de cliquetis interminable. Il reste trois étapes majeures à franchir : tout d’abord, la connexion de masse à l’internet, prévue pour le 21éme siècle. Puis, très rapidement, l’apparition des premiers jeux contrôlés par la pensée. Ce qui marquera le début de la fusion entre l’esprit humain et l’informatique.

—     Oui, intervient Zargolb. Chez ces humains, tout passe par le jeu… Impossible de les faire évoluer sans dimension « ludique », comme ils disent…

—     La troisième étape, la généralisation des implants de connexion neuraux, est la plus importante, continue Krator, imperturbable. Il nous sera alors facile de hacker leurs cerveaux.

—     Il y a tout de même un élément du plan que je ne comprends pas, insiste Zargolb. À quoi bon, tout ça ?

—     Nous avons à disposition une planète qui grouille d’individus prêts à ouvrir leur crâne pour notre seul bénéfice. Pourquoi laisser passer une telle chance de découvrir leurs motivations ?

—     Ah oui, vu sous cet angle… Bon, pourquoi pas, après tout. Ça pourrait se révéler amusant.

Bilan 2013 / horizon 2014

Bon, depuis le temps que je le repousse, celui-là… Va quand même falloir que je m’y mette un jour,  non? ^^

Donc, bilan 2013… Que s’est-il passé l’an dernier…

Une petite montée en puissance, on va dire.

Car en 2012 je n’avais eu qu’une unique « demi » publication (la première partie d’une nouvelle un peu longue, intitulée « Sombre-Masque », et il ne s’était pas passé grand chose d’autre. J’avais pas mal écrit, mais je m’étais focalisé sur un projet de roman, à l’époque, qui pour l’instant n’a pas abouti. je le ressortirai du placard tôt ou tard, cela dit.

Donc, en 2013, il s’est passé plus de choses.

En premier lieu, la nouvelle « Sombre-Masque » a été publiée en intégralité dans le numéro 2 du webzine Chrysalide.

Puis, j’ai participé à deux tournois de nouvellistes organisé par le blog « Nouveau Monde », tout d’abord. je suis arrivé en demi-finale dans les deux cas, avec « Destination incorrecte » et « L’Arbre-Monde« .

J’ai également participé au projet « Des nouvelles du hasard » du blog Nouveau Monde avec « Guerre ! ».

Deux de mes nouvelles (apocalyptique et post apocalyptique) ont été publiées dans le webzine numéro 2 de Nouveau Monde, que vous pouvez télécharger « ici« .

J’ai aussi écris plusieurs textes dans le cadre de la fin des microphémérides 2013. Tous ne sont pas encore publiés, et les autres peuvent être trouvés sur ce blog wordpress: catégorie « Les U-Chroniques » ou encore « en hommage à » (en l’occurence, en hommage à Mandela), ou, bien sûr, sur le site des microphémérides 2013, à la journée du 16 décembre (Blue Sued Shoes, Voyager 1 et la fièvre du samedi soir).

D’autres suivront (et suivent déjà) sur les microphémérides 2014, d’ailleurs. ^^

Bon, j’ai également partagé moult petits textes à la foi ici (depuis peu) mais aussi sur mon WeloveWords (depuis un poil plus longtemps). Mais ce ne sont pas vraiment des « publications ». Enfin, pour vous je ne sais pas, mais ça ne me fait évidemment pas la même impression de « m’autoriser moi-même à publier un texte sur mon blog » qu’à me faire accepter par un comité de lecture d’un webzine, fut-il gratuit (ce dernier critère ne disant pas forcément grand chose de sa qualité intrinsèque, d’ailleurs).

Ah, et puis en fin d’année, j’ai franchi le pas et osé envoyé un texte à trois maisons d’édition. Réponse promise entre fin mars 2014 et juin (de la même année, hein).

Plus, j’ai envoyé un autre texte au concours sur les contes de Noël organisé par les Editions du p’tit Golem. Réponse premier trimestre 2014.

Horizon et projets 2014?

Ecrire toujours plus, le plus souvent possible, car c’est ce que j’aime faire. Ma passion. Ma vie. Une publication par un éditeur serait un bonus, mais je ne cours pas forcément après tous les jours. J’écris pour écrire, avant tout, et pour être lu aussi, bien sûr.

Pour le moment, du côté de l’écriture, ça va: 5 700 mots environ rédigés et recopiés sur ordi en une semaine, pour le 3éme épisode de mon projet de roman « Terres Sombres ». Sachant qu’un épisode doit faire environ 9 000 mots (environ 50-55 K sec), je tiens le bon bout.

Je viens d’ailleurs de lancer un fil sur le nénuphar des « challenges premier jet 2014« . J’espère bien le clore avant la fin de l’année, et avec succès !

Et puis, je participe donc désormais pleinement au projet Microphéméride 2014, et j’en suis heureux, voir fier, voir les deux. 🙂

En attendant de trouver d’autres sources d’occupation, certainement ! Et peut-être aurais-je plus le temps d’aller à des salons l’an prochain? Par exemple, j’aimerais me refaire les imaginales… Je garde un bon souvenir de celui de 2013, et notamment de la pizza aux cuisses de grenouille… Miam. ^^

En conclusion: « Pourvu que ça dure »!

Bonne année 2014 à tous et à toutes !

Mon nom est Hassin… Marc Hassin…

Les soldats qui gardaient l’accès du poste de sécurité secondaire du Kremlin gisent au sol, inconscients. Mes doigts volent sur le clavier de l’un des ordinateurs ultra-sécurisés de la gigantesque salle climatisée et pourtant surchauffée. Les codes d’accès, verrous et autres pare-feux tombent les uns après les autres, terrassés par mon logiciel de décryptage maison : un petit bijou de technologie cyber dont je suis particulièrement fier.

Après quelques instants seulement, je trouve le fichier que je suis venu chercher. Je lance le téléchargement et la barre de progression se remplit peu à peu. Dans une poignée de secondes, j’aurai accompli avec brio une mission de plus au service de Sa Majesté. Je me prends à sourire lorsqu’une voix m’interpelle soudain, me faisant sursauter :

—     Alors, papa, ça y est ? Tu l’as récupéré, la notice du Monopoly junior, ou quoi ?

—     Ça vient, Ô ma Reine Mymy. Ça vient, je réponds en souriant.

J’aurais aimé…

J’aurais aimé…

Caresser tes cheveux bruns,

Couvrir de baisers tes joues aux pommettes roses,

Avoir le temps de faire plus ample connaissance.

L’impatience m’a gagné. Mes maintes moites ont dérapé sur le manche de la hache.

À présent, il me faut vous enterrer, toi et la relation que nous n’aurons jamais.

Si un roman est un arbre… Une nouvelle est-elle un buisson, et une micro-nouvelle une fleur ?

Ce matin, une analogie a éclos dans mon cerveau pourtant mal réveillé : « un roman est un arbre ».

Outre qu’il convient de les faire grandir, l’un comme l’autre, la ressemblance me semble aller plus loin.

Car que sont les racines d’un roman sinon le travail de recherche, de documentation et de réflexion effectué en amont de l’écriture ? Idem pour la préparation du synopsis.

Le tronc, ma foi, ce pourrait être le type de détails qui semblent insignifiant, mais qui donnent de la force au récit : je parle de ces « à-côtés », des éléments qui constituent le décor, qui donnent un passé à votre Univers ainsi qu’à vos personnages. Qui font que toute une société s’active autour de votre intrigue. Qui font que ça sonne « vrai », « crédible ».

Il y a alors de la vie dans ce texte, pas seulement une ligne directrice, pas un simple décor de cinéma en carton-pâte.

Passons aux branches, à présent. Il y en a certainement une plus grosse que les autres, mieux exposée à la lumière du soleil (l’œil du lecteur !). Nous parlons ici de l’intrigue principale.

Et puis il y a les autres branches, plus minces, plus courtes, mais très importantes à leur façon : les intrigues secondaires.

Car un arbre avec une seule branche pointée vers le ciel ne fait pas illusion bien longtemps. Il lui faut un entrelacs de branchages pour faire vrai. Pour être crédible, là encore.

Qu’en est-il des feuilles, me direz-vous ? Ce sont, là encore, ces petites choses qui peuplent vos intrigues et les font vivre : les réactions des personnages concernés par ce qu’il se passe, les changements que le déroulement ou la conclusion d’une intrigue apportent à votre Univers…

Voilà, vous l’avez, votre arbre ! Bien sûr, vous pouvez ajouter davantage de détails à votre convenance : nids d’oiseaux dans les branches, réserve de noisettes pour l’écureuil dans le tronc, un pic-vert toquant contre l’écorce, et tant d’autres choses encore.

Ah oui, et pourquoi pas une petite brise qui agite le feuillage ? Ou bien une tempête, un ouragan ?

Mais si les romans sont des arbres, que sont les nouvelles ? Des buissons ?

C’est volontairement que je ne prends pas l’image d’un Bonzaï, car selon moi, au même titre qu’un buisson n’est pas un arbre miniature, une nouvelle n’est pas un roman « raccourci ».

Ce format doit former un tout cohérent, avec :

–          Une chute à part entière.

–          Une intrigue plus courte, mais développée à son maximum et non pas tronquée pour tenir dans un nombre réduit de pages.

–          Des personnages sans doute moins fouillés que dans un roman, moins développés au fil du récit, mais crédibles tout de même. Avec un passé, si possible. Un tant soit peu de relief.

–          Mais surtout, pas (le moins possible, en tout cas) d’intrigues secondaires.

De ce point de vue, le buisson n’est pas forcément l’image idéale. Ou alors, ce serait un buisson taillé comme dans les jardins « à la française ».

Quant à la micronouvelle, je lui donnerais volontiers l’image d’une fleur. Que l’on parle d’un pissenlit ou d’une rose n’est pas ici le point important. Une fleur, ce n’est là encore pas un buisson modèle réduit ou un minibonzaï. Une fleur, c’est une structure unique formant un tout cohérent, qui se suffit à elle-même.

Voilà, je viens de vous livrer le fruit de mes réflexions du matin. Je me sens un peu bizarre. Mis à nu. Et je n’ai pas l’habitude. ^^

Et vous, quelles images vous viennent en tête lorsque vous pensez à un roman ? À une nouvelle ?