Le mythe de la rémunération de 70% d’amazon et autres peccadilles chiffrées

[EDIT: il semble qu’obtenir des infos fiscales justes soit un exercice délicat.

Donc:

DISCLAIMER !!!

Ce blog en général (et cet article en particulier) n’a pas (n’aura jamais!) vocation à donner des conseils en matière de fiscalité. Les calculs que j’effectue, d’une part, ne sont valables qu’à un moment « M » (les règles fiscales évoluant chaque année) et d’autre part, permettent AVANT TOUT de vous faire une idée générale sur la situation des uns et des autres.

Si vous souhaitez devenir auteur indépendant, renseignez-vous auprès des autorités compétentes avant de remplir votre déclaration fiscale! Mais gardez à l’esprit que 1/ si vous vendez vous-même vos livres papiers, vous devez avoir un statut (type auto-entrepreneur ou association). 2/ si vous ne vendez que des ebooks ou livres papiers via un prestataire tel que www.bod.fr ou createspace, vous n’aurez besoin que de déclarer vos revenus sous forme de BNC non professionnel.

FIN DE DISCLAIMER

D’autre part:

Malgré mes quelques allers-retours avec le fisc et l’Agessa, des erreurs subsistaient dans mes calculs initiaux. Je pense avoir à peu près tout corrigé, mais n’hésitez pas à me signaler toute imprécision que vous auriez repérée.

Jacques Vandroux a signalé à ma connaissance le lien suivant, pour bien comprendre les charges pesant sur les revenus des auteurs traditionnels (infos AGESSA): Cliquez ICI pour consulter les infos en question.

Concernant les auteurs indépendants, deux solutions, taxées différemment:

1/ L’auto entreprise: cf ICI pour obtenir les taux de charges sociales sur CA (« Son montant est calculé en appliquant un taux forfaitaire au chiffre d’affaires (ou aux recettes) réellement encaissé »)

Il faut ajouter à cela 2,2% d’impôts (en cas de prélèvement libératoire, soumis à condition de revenus. Cf ICI)

2/ La déclaration en BNC non professionnels:

N’hésitez pas à consulter le très intéressant article de Jacques Vandroux, sur son site ou à vous rendre sur le site que j’indique moi-même un peu plus haut.

Les charges passent à 15,5% des revenus nets, après un abattement de 34%. Ce qui revient à appliquer un taux de 10,23% sur la totalité de vos revenus réellement perçus.

FIN DE L’EDIT]

Bonsoir tout le monde !

Aujourd’hui, j’ai décidé de m’attaquer à un mythe assez communément répandu. On pourrait même dire que dans l’esprit de beaucoup d’auteurs désireux de passer à l’autoéditionpublication, c’est (trop) souvent le premier, voire le principal critère invoqué : « un auto-édité gagne mieux sa vie qu’un auteur édité de façon traditionnelle ». Entendez par traditionnel : « édité via une maison d’édition ».

  • Appelons ces auteurs les « tradis » par opposition aux auteurs « indés» (autoéditéspubliés) pour plus de commodités dans le reste de l’article.

Ouvrons la parenthèse: « Si vous voulez savoir pourquoi j’ai barré le mot « édité » ci-dessus, pour le remplacer par « publié », disons que je vois une nette différence entre auto-édition et auto-publication

Dans un premier cas, un auteur prend en charge la partie « éditoriale » du travail en s’occupant de façon sérieuse des corrections, de la couverture, du marketing (éventuellement : le marketing est la partie la plus souvent omise, même par les autoédités, car elle n’est pas directement liée à l’écriture), etc.

Dans le second cas, l’auteur ne voit pas de problème particulier à publier sur un site payant (type Amazon) un texte de type premier jet. » Fermons la parenthèse.

Retour au sujet : un auteur tradi gagnerait donc moins bien sa vie qu’un auteur indé ?

Bon alors, oui, mais non. Ça dépend, ça dépasse, en fait.

Je ne vais pas vous assommer avec des chiffres, mais… euh… en fait, si, je vais le faire, mais aujourd’hui ce sera en douceur, alors profitez-en ! ^^;o;^^ (elle est pas belle ma chauve-souris-smileys ?)

 

Tayaut, tayaut !

 

JOUR 1 : « démystifions les revenus des auteurs indés et faisons en sorte de pouvoir les comparer à ceux des auteurs tradis ». La tâche est rude, retroussons nos manches.

Déjà, premier oubli (un brin hors sujet voire même en violent contresens avec le reste de l’article, mais ça me paraît important de clarifier ce point dès le départ) :

Quand un tradi touche 10 % [EDIT: sur un livre papier. La moyenne de gains d’un auteur tradi sur un ebook est de 25%, avec un maximum de 50%], c’est qu’il a de la chance. J’ai lu sur le blog d’une illustratrice BD qu’elle acceptait de ne toucher que 4 %, et qu’on lui avait déjà suggéré d’accepter 2 %. Oui, c’est une illustratrice, pas une auteure. Bon. Cela fait-il une telle différence ? Et puis, je suis sûr que des tradis, là, dehors, perdus dans la vaste jungle de l’édition, ne toucheront jamais plus que 6 % sur leurs ventes. Détrompez-moi, je n’attends que ça !

On me souffle à l’oreillette que les maisons d’édition sérieuses versent des a-valoir. C’est vrai.

Je suis au courant, pour avoir fait du contrôle de gestion dans deux filiales du groupe Hachette au tout début du vingt-et-unième siècle (ça paraît déjà tellement loin…).

Quelque chose me dit d’ailleurs que c’est la première et véritable source de revenus des petits et jeunes auteurs tradis. Combien d’entre eux toucheront un jour davantage que leur a-valoir ?

Du coup, cette somme versée avant même les premières ventes a le mérite d’exister, bien qu’elle semble se réduire comme peau de chagrin, ces derniers temps… Et certains éditeurs (mais sont-ce vraiment des éditeurs ?) peu scrupuleux (j’insiste sur ce terme « peu scrupuleux » car je ne veux pas que vous croyiez que je généralise !) vont (paraît-il) jusqu’à prévoir une clause de restitution de l’a-valoir, voire se remboursent d’un a-valoir payé à l’édition d’un livre X en ne versant tout simplement pas d’a-valoir sur le livre Y, selon le principe de l’étalement d’un a-valoir sur plusieurs livres. Ou « comment ne pas payer l’auteur ».

De plus, les petites maisons d’édition n’ont que rarement les moyens de payer un a-valoir à leurs auteurs, donc… Gloups. Il faut le savoir.

Attention : je ne suis pas en train de tirer sur les éditeurs, en l’occurrence. J’écrirai un article, dans un proche avenir, dont le titre sera : « Cassons le mythe du Vilain éditeur qui paie ses auteurs au lance-pierre ». Mais demain est un autre jour. Restons en à aujourd’hui, si vous le voulez bien.

Ensuite, second oubli :

Les sous qui tombent dans la poche des tradis ne sont pas les mêmes que ceux qui tombent dans la poche des indés. Figurez-vous que les charges sociales ont déjà été prélevées à la source dans le cas des tradis et pas dans celui des indés.

Ces derniers doivent donc débourser, au choix, 22,9 % (déclaration en tant que BNC professionnels) environ en tant qu’auto-entrepreneurs + 2,2% d’impôts s’ils ont droit au prélèvement libératoire, soit environ 25,1% au total. ATTENTION: cela peut changer d’une année sur l’autre. Cf ICI.

Flash info: la démarche d’enregistrement en tant qu’auto-entrepreneur est à réaliser auprès de l’urssaf, pas de l’Agessa: un indé ne touche pas des droits d’auteur aux yeux de l’Agessa.

Deuxième possibilité: déclaration au titre des BNC non pro: 15,5% de vos revenus nets selon l’article de Jacques Vandroux, APRES application d’un abattement de 34%.

Dans ce dernier cas (BNC non professionnel), c’est uniquement à condition qu’on se cantonne aux ebooks ou à la vente de livres papier vendus via des systèmes tels que Createspace ou http://www.bod.fr ! Parce que si l’on parle des livres papiers achetés par l’auteur lui-même pour les revendre ensuite (sous le manteau), là, le BNC ne s’applique pas et dans ce cas :

1/ Il faut un statut particulier (auto-entrepreneur ou association loi 1901, par exemple, mais attention au risque de requalification fiscale en Société Commerciale dans ce cas)

2/ Dans le cas de l’auto-entrepreneur, vous passez directement par la case 25,1 % de charges sociales + impôts (ça peut changer, les lois fiscales étant ce qu’elles sont).

Donc, les 70 % de gains sur Amazon étant AVANT charges sociales, l’auteur touche en fait :

1/ Petit calcul préalable: 15,5% de charges sociales sur 66% des revenus nets, c’est équivalent à 10,23% de charges sociales sur 100% des revenus nets. Donc:

70 % * (1-10,23 %) = 62,84 % avant impôts, au titre des BNC (déduction faite des 16% de charges sociales) ;

2/ Dans le cas de l’auto-entrepreneur, on a 22,9% (23,1% en 2016) de charges sociales sur le CA réellement encaissé, donc:

70 % * (1-22,9%) = 53,97 % avant impôts en tant qu’auto-entrepreneur (déduction faite des 25% de charges sociales).

Ça fait déjà moins, non ? Certes, cela semble toujours plus intéressant que les 10 % des auteurs tradis.

Attention, flash info « Tradi »: un auteur tradi ne touche pas, lui non plus, la totalité de ces fameux 10%. Sur cette somme, il doit reverser à l’AGESSA 9% environ s’il n’est pas affilié, taux qui passe à 20% environ s’il devient affilié. Mais bon, ça reste 8% à 9% de droits d’auteurs au lieu de 10%. A ce niveau là, cela fait-il une grosse différence ? Pour les personnes concernées, il est clair que Oui, ça fait une différence. Surtout qu’il faut encore ajouter 8% de cotisation au RAAP (taux en passe de devenir une réalité, cf cet article) au titre de la cotisation retraite complémentaire.

Autre problème : si vous choisissez l’option « 70 % » sur Amazon, ces derniers vous prélèveront des charges en fonction du poids (en méga-octet) de votre ebook, officiellement au titre des frais de livraison (on parle bien d’un ebook, hé oui).

Et ça monte vite, jugez plutôt : pour chaque MO supplémentaire, c’est 12 centimes qui passent directement dans la poche Amazonienne. Donc, avec un ebook vendu 2,99 € et pesant 3MO, vous touchez réellement :

(2,99 € * 84 % * 70 %) -3*0,12 = 1,404 €

Or : 1,4/2,99 = 47 % et non pas 70 %, ni même 59 % !

Et n’oubliez pas que pour prétendre toucher 70 % de marge, encore faut-il vendre son ebook à 2,99 € sur Amazon, par exemple. Ce n’est pas si simple que ça en a l’air. Sinon, en dessous de 2,99 € (ou au-dessus de 9,99 €, d’ailleurs), ce sera 35 % sur Amazon. D’autres plateformes (telles que Google Play) proposent des royalties à 50 % quel que soit le prix de vente de votre ebook.

Il y a une exception récente : Iggybook (cf plus bas). En vendant via leur site (attention : formule payante !), vous ne toucherez pas 70 % sur la vente de vos ebooks, mais 100 % (oui, vous lisez bien). A ce propos: j’ai moi-mê créé un site Iggybook (gratuit à l’heure actuelle). Charlie Bregman l’a fait aussi et il s’en sert pour publier des articles.

Mais :

1/ Il faut pour cela verser une somme forfaitaire se montant à environ 10 € par mois si vous payez à l’année, et 15 € par mois si vous payez mensuellement.

2/ N’oubliez pas d’en soustraire les commissions paypal (0,25 € + 3,4 %). Sur un ebook vendu 0,99 €, la commission paypal représente déjà près de 28 % qui n’iront pas dans votre poche.

3/ Si votre livre, enregistré via Iggybook sur Amazon ou Google, se vend sur ces plateformes, vous ne toucherez que 50 % de royalties.

L’avantage : ce montant à payer mensuellement est fixe, quel que soit le nombre de livres mis en vente. C’est un point positif pour les auteurs bien fournis en publication !

De plus, Iggybook parle sur son site de facilités d’accès aux « événements IGGY : séances de dédicaces, salons du livre, rencontres, etc. ». Se renseigner sur cette plateforme me paraît intéressant, à ce stade, mais il faut garder en tête qu’elle est très récente, donc pas forcément très connue des lecteurs.

Enfin, troisième oubli :

Une maison d’édition prend en charge TOUS les frais liés à l’édition. Ne me donnez pas de noms de ces « maisons d’édition » qui vous ont fait raquer. Ce ne sont PAS des maisons d’édition, mais des prestataires de service (qui a dit « de sévices » ? Ne tombons pas dans la basse mesquinerie, s’il vous plait ^^’).

Autrement dit : un auteur tradi qui touche 1 €, c’est 1 € dans sa poche. Oui, bien sûr, il payera des impôts dessus, mais là, le tradi et l’indé sont dans la même position vis-à-vis du fisc, je n’épiloguerai donc pas sur le sujet…

D’un autre côté, dans le cas de l’auteur indé, chaque piécette durement gagnée sur la vente de ses livres (papier ou ebook) servira à payer (rembourser) une pléthore de charges qu’il aura dû avancer de sa poche, se privant ainsi de la manne énormissime des 1 % d’intérêts de son maigre livret A. Et là, je ne parle plus seulement des charges sociales, bien sûr.

Quelles sont ces charges ?

Nous le découvrirons ensemble demain, si vous le voulez bien. Oui, je sais, je suis cruel de vous faire attendre une journée de plus. Que voulez-vous, la vie est injuste. ^^’

Conclusion et synthèse du Jour 1 :

Je pense qu’à présent, vous avez compris que les 70 % de marge par ebook (via Amazon) ne sont rien d’autre qu’un miroir aux alouettes.

Vous étiez tombés dans le panneau ? Rassurez-vous, ça a aussi été mon cas (mais pas bien longtemps). Je me suis bercé de douces illusions en lisant toutes ces promesses fallacieuses des gains rapides supposément apportés par l’auto-édition et le réveil a été rude. Heureusement, je n’écris pas pour l’argent, mais par plaisir avant tout. Je n’ai donc pas été tenté ne serait-ce qu’une seconde d’arrêter d’écrire suite à cette déconvenue.

Ouvrons la parenthèse : vous écrivez pour l’argent et uniquement pour ça ? Arrêtez d’écrire (en tout cas, pas de la fiction), pauvres fous ! Vous aurez plus vite fait de jouer au loto. Anna Todd a touché le gros lot ? Oui, vous avez deviné juste. Elle a touché le gros lot ! Comme dans « loterie ». Pour un élu, combien d’appelés ?

Vous ne savez pas qui est Anna Todd ? Faites la recherche « Todd / after » sur google et vous verrez. En synthèse, il s’agit de l’un des derniers succès en date, issu de la tendance porteuse de la fanfiction made in Wattpad.

Donc : n’écrivez par plaisir, mais monétisez ce plaisir si vous vous en sentez capable et croyez à la chance ! Qui sait, elle pourrait un jour frapper à la porte. Croyez-y (l’espoir fait vivre, parait-il), mais ne comptez pas dessus pour vivre ! Ou plutôt, comme le suggère Alan Spade (qui vit de son activité d’auteur indépendant):

Je cède donc la parole à Alan: « Ne comptez pas dessus pour vivre si vous ne voulez être qu’un auteur, si vous n’êtes pas prêt à vous investir et à investir dans votre activité, si vous n’êtes pas prêt à considérer cette activité comme un artisanat (certains pourraient dire: business, même si en France, ce mot est ressenti comme péjoratif) réclamant de développer une série de compétences qui vont bien au-delà des seules compétences d’un auteur, et si vous n’êtes pas prêt à un certain nombre de sacrifices. »

Tenter de lier l’utile à l’agréable me paraît jouable, tandis que lier l’agréable à l’utile me paraît plus aléatoire.

Fermons la parenthèse et l’article par la même occasion. Je vous dis bonne soirée et « à demain, si vous le voulez bien ! »

SOMMAIRE des différents articles sur le sujet « rentabilité du livre » :

Jour 1 : comparons ce qui est comparable. Amazon vous verse 70% au maximum, mais votre porte-monnaie n’en verra jamais la couleur. Pour en savoir plus

Jour 2 : Quels sont les différents type de coûts qui entre dans la détermination de la rentabilité de votre pris ? Pour en savoir plus

Jour 3 : Quid de la rentabilité (et des formalités administratives) d’un livre (papier et ebook) pour un auteur indé ? Pour en savoir plus

39 réflexions sur “Le mythe de la rémunération de 70% d’amazon et autres peccadilles chiffrées

  1. Bonsoir Pascal,

    À ma connaissance, tu viens d »écrire l’article chiffré le plus complet en français sur la question épineuse des gains. Effectivement, on ne voit jamais la couleur des fameux 70 %. Concernant les auteurs édités, mon expérience, pas si rare, est de n’avoir pas touché un sou, ni en à-valoir, ni en droits d’auteur. Par contre, cette publication tradi m’a coûté de la papeterie, des photocopies, des timbres et des frais de transport (pour me rendre à l’enregistrement d’une émission de radio en province).

    Tu soulignes bien qu’une publication sérieuse, éditée (au sens anglais), avec une belle illustration et une bonne couverture, ce n’est pas gratuit. À moins d’aimer dépenser son argent, dès qu’un auteur dépasse le stade du bouton « publier » sur Word à la fin du premier jet, il est obligé de considérer ses dépenses comme un investissement et son activité d’auteur comme une entreprise commerciale. On ne publie pas sérieusement pour voir ou pour se faire plaisir. Le problème, c’est que dès qu’on parle entreprise, on parle charges, impôts, frais généraux, statut légal et j’en passe. L’Eldorado promis s’éloigne, tandis que les océans de paperasse se rapprochent à grandes eaux. Si l’auteur a bien pensé son projet, il peu s’en sortir, mais s’il est dilettante, il constatera que l’aventure lui coûte infiniment plus qu’elle ne lui rapporte.

    Dès lors, on comprend ceux qui ne veulent rien dépenser, se contenter du minimum, même si leurs « livres » sont condamnés d’avance dans ce monde terriblement concurrentiel.

    • L’individu, seul face à la machine administrative, est bien démuni… :/
      L’auteur, noyé dans la masse des publications de la jungle amazonienne, n’est pas tellement mieux loti. ^^

      Il faut vraiment avoir la foi pour écrire !

  2. La liberté n’a pas de prix. 😉 Un auteur Indé qui vend bien en numérique gagne beaucoup plus d’argent qu’un auteur tradi. Ce qu’il faut voir, c’est que si l’Indé gagne tout sur un seul livre, il n’a investi qu’une fois ! Tu suis mon raisonnement ;-). Bonne continuation.

    • Quelque chose me dit que tu parles d’expérience ! 🙂 C’est ce qui me manque le plus, l’expérience, à ce stade. Mais je pense que mon prochain premier livre sera celui qui m’aidera à réellement faire démarrer ma carrière d’indé. 🙂
      Bonne continuation à toi aussi ! 😉

  3. Pascal, je ne sais pas d’où tu sors ces 16% qu’il faut reverser au titre des BNC. Les auteurs autoédités sont exemptés de TVA et en dessous, je crois, de 32 000€ et quelques par an de bénéfices net, ne reversent rien. On n’est pas forcé d’aller vers un statut d’auto-entrepreneur.

    Après, il y a les Agessa: avant de les présenter comme un énorme bénéfice pour les auteurs tradi, il faudrait enquêter auprès d’auteurs traditionnellement publiés pour voir combien leur coûte l’Agessa, et si c’est vraiment l’une des caisses les plus avantageuses du marché. J’ai comme un doute, là. ^^

    C’est vrai que l’alternative pour les auteurs autoédités, c’est de n’avoir aucune assurance santé ni retraite. Si un auteur autoédité devait passer à temps plein sur son activité, il serait confronté à ce choix. Néanmoins, la précarité du métier me semble encore plus grande pour un auteur édité, qui dans le même cas de figure où il se lancerait à temps plein dans l’écriture, ne maîtrisera pas son destin, puisqu’ayant cédé ses droits. Sauf monstrueuse avance le mettant à l’abri du besoin, et là on retombe dans le système de loterie que tu dénonces à juste titre.

    Pour ce qui est de la taille des ebooks et des frais de livraison d’Amazon, mon plus gros roman, celui qui comporte une carte intérieure en plus de sa couverture, fait moins d’un mega de données. Oui, les frais de livraison existent avec Amazon, mais ils ne sont un réel problème que pour les livres illustrés. Cela rend aussi Amazon moins concurrentiel de ce point de vue par rapport à d’autres plates-formes d’ebook, ce qui pourrait devenir un problème pour eux.

    Je comprends que l’on puisse vouloir remettre à leur place ceux qui présentent Amazon et l’autoédition comme un moyen de « gagner sa vie ». On en est loin, c’est clair. Mais on en est encore plus loin du côté de l’édition traditionnelle.

    L’autoédition, c’est un moyen infiniment plus rapide et plus équitable pour l’auteur de faire rentrer, ne serait-ce qu’un peu d’argent.

    Pour se convaincre de l’aspect inéquitable de l’édition traditionnelle, il suffit de regarder les comptes en banque des gros éditeurs (qui a parlé d’Antoine Gallimard et de ses 250 millions d’euros?) et ceux des auteurs français.

    Il suffit aussi d’examiner les différences entre les caisses d’assurance auxquelles cotisent les cadres sup de la grande édition et celles des auteurs.

    Alors, l’édition traditionnelle ne se résume pas aux gros éditeurs, c’est vrai, mais dans la mesure où les auteurs qui enrichissent les gros éditeurs font ce rêve de l’édition traditionnelle, on peut estimer que se lancer dans le processus de l’édition traditionnelle, c’est se condamner, si on réussit, à enrichir encore plus une classe d’oligarques qui jouent sur le rêve et un schéma équivalent à celui de Ponzi. Il faut savoir ce que l’on veut.

    Enfin, je ne suis pas entièrement d’accord avec ta conclusion: « ne comptez pas dessus pour vivre », puisque personnellement, je vis de mon activité d’autoédité. Le risque avec ce genre d’idées, c’est de générer un certain fatalisme qui profitera forcément aux gros éditeurs.

    Pour être plus complet et précis, il faudrait dire, « ne comptez pas dessus pour vivre si vous ne voulez être qu’un auteur, si vous n’êtes pas prêt à vous investir et à investir dans votre activité, si vous n’êtes pas prêt à considérer cette activité comme un artisanat (certains pourraient dire: business, même si en France, ce mot est ressenti comme péjoratif) réclamant de développer une série de compétences qui vont bien au-delà des seules compétences d’un auteur, et si vous n’êtes pas prêt à un certain nombre de sacrifices. »

    • Alan: je reviens très rapidement sur 3 sujets
      1/ Concernant le taux de 16% (corrigé, depuis, à 15,5%) :
      L’info me vient du blog de Jacques Vandroux (http://jacquesvandroux.blogspot.fr/2014/09/auteur-independant-et-fiscalite.html) qui, lui-même, a trouvé l’info dans le mensuel « les emmerdeurs » de février 2014.
      Il s’agit des charges sociales et CSG/RDS. Il faut bien avoir en tête que (en tout cas, en France), AUCUNE source de revenus ne saurait être exemptée de charges sociales, à certaines exceptions près (du type des intérêts du livret A).
      Cf article de Jacques, toujours : « Le FISC (lui) adressant ensuite un appel de charges de 15,5 % du revenu net après abattement de 34 % ».

      2/ Concernant l’AGESSA :
      Je ne parle que très brièvement de cette institution, pour dire qu’elle ne reconnaît pas les revenus que les indés tirent de la vente de leurs livres. Seuls sont reconnus (mais tu le sais) les profits générés par des ventes réalisés suite à la signature d’un contrat d’édition à compte d’éditeur. Cette définition de l’Agessa me paraît franchement réductrice et je pense que, tôt ou tard (je veux dire « tard ou très tard »), ils finiront par revoir leur position. Rien n’interdit de rêver.
      Enfin, rêver… Je connais les taux qu’ils appliquent : 10% sur les droits d’auteurs des non-affiliés (donc tu payes sans rien recevoir en retour pour autant) et 20% sur les affiliés. Sachant que pour être affilié il faut toucher au moins 9 000€ de droits d’auteur et que les interventions en classe ne sont, a priori, pas reconnues, par exemple. Bref. J’ignore tout des reversions dont bénéficient les auteurs affiliés, mais j’ai le sentiment que leur situation est loin d’être rose.

      3/ Concernant la taille des livres :
      Sans illustrations intérieurs, c’est vrai, on ne dépassera pas 1MO. Mais dans le cas de « Chroniques d’une humanité augmentée », mon livre dépassé les 2MO car j’ai inclus 4 illustrations intérieures, justement. Et j’ai lu sur le blog d’un auteur qu’il s’était fait « avoir » à ce sujet, avec un ebook un peu lourd qui a, du coup, fortement grevé sa rentabilité.

      4/ « ne comptez pas dessus pour vivre » :
      Ta remarque est très juste. Je vais corriger de ce pas.

      Merci d’avoir pris le temps de lire mon billet et pour tes remarques pleines de bon sens !

      Je te donne rendez-vous ce soir, 20h, pour un tour d’horizon des différents coûts de l’édition d’un livre. Mais je suis sûr que je ne t’apprendrai rien. 😉

      • D’accord pour cette précision sur les charges. Après calcul, cela fait tout de même plus de 29000 € possible par an pour un autoédité, ce qui peut faire rêver pas mal d’auteurs traditionnellement édités…

      • Tout à fait. Mais tu sais, pour avoir l’habitude de la vente de livres papiers, et nous le verrons ce soir et demain lorsque je publierai les suites de ce premier article, que les 29 000 € dont tu parles ne sont pas un bénéfice net, mais un CA net de charges sociales. Ce qui fait une sacré différence, au bout du compte !

      • « que les 29 000 € dont tu parles ne sont pas un bénéfice net, mais un CA net de charges sociales. Ce qui fait une sacré différence, au bout du compte ! »

        Non, pour moi il s’agit bien d’un bénéfice net. L’article sur le blog des Vandroux parle bien d’une case de Bénéfice non commerciaux (Bnc). On est sur le bénéfice, Pascal, pas sur le CA.

      • Je sais, Alan, le terme « BNC » est trompeur. A se demander jusqu’à quel point ce n’est pas volontaire de la part du FISC, d’ailleurs.

        Car si tu regardes ici (http://www.impots-service.net/fiscalite-des-particuliers/guide-declaration-revenus/bnc-benefices-non-commerciaux/), tu trouveras la définition des 32100 € et tu verras qu’il s’agit bel et bien de CA (brut de taxes sociales, donc).
        Les 28 816 € de « BNC » net de charges sociales sont donc bien du CA, dont il te faut défalquer tous tes frais pour déterminer ton bénéfice à proprement parler. MAIS: fiscalement parlant, tes frais ne sont pas déductibles. Tu n’es pas « aux frais réel » mais « au forfait », puisque tu bénéficies d’ores et déjà d’un abattement de 34% sur tes revenus perçus (ton « salaire », en quelque sorte).
        C’est tordu, hein?
        Cf la définition tirée du site dont je te donne le lien, plus haut:
        MICRO-BNC : le seuil de 32.100
        La limite de 32 100 € s’apprécie pour chaque membre du foyer exerçant une activité non commerciale. Les recettes à retenir sont les recettes brutes hors TVA. Elles comprennent l’ensemble des sommes encaissées en 2010, recettes commerciales accessoires incluses. N’entrent pas en ligne de compte, en revanche, les recettes exceptionnelles générées par la vente d’éléments d’actifs ou le transfert de clientèle (les gains de cession d’actifs sont soumis à des règles d’imposition distinctes, les rétrocessions d’honoraires, les débours et les rémunérations perçues sous forme de salaires.

        LE CALCUL DU MICRO-BNC
        Le bénéfice imposable est calculé forfaitairement en appliquant un abattement de 34 % sur les recettes déclarées, avec un minimum de 305 €. Cet abattement est censé tenir compte de toutes les charges, y compris l’amortissement des immobilisations. Il n’est pas possible de déduire les charges pour leur montant réel, ni les charges sociales ou la CSG. Le contribuable n’a donc qu’à déclarer ses recettes MICRO-BNC et le calcul se fait ensuite automatiquement

      • C’est bizarre, parce que mon conseiller impôt m’a toujours dit d’indiquer les bénéfices.

        Suivons ta logique: admettons que je génère pour 14000€ de ventes de livres alors que ces livres m’ont coûté à l’achat 13000€. J’ai donc un bénéfice de 1000€.

        Les impôts font un abattement de 34% des 14000€, c’est à dire, en l’occurrence, 4760€.

        Les charges de 15,5% s’appliquent donc sur, 14000-4760= 9240€. Ce qui nous donne 15,5% sur 9240€ = 1432€ de charges.

        Avec ce brillant système, je paye donc 1432€ de charges pour 1000€ de bénéfices. Wow, l’Etat français doit être le plus riche du monde…

    • Je note quand même que dans le lien que tu cites, Pascal, il n’est fait à aucun moment mention de chiffre d’affaires, mais uniquement de recettes. Pour moi, les recettes n’en sont que si l’on tient compte des dépenses, sinon je ne vois pas la logique.

      • Et pourtant si. Simplement, ils appellent ça des « recettes ». Si tu parles d’un commerce type boutique de vêtement, la « recette de la journée » ce n’est pas le bénéfice, mais le CA HT.
        je t’invite à consulter cette définition : http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/recette/

        D’autre part, il est clairement stipulé « Il n’est pas possible de déduire les charges pour leur montant réel, ni les charges sociales ou la CSG ». Si par « recette » il fallait comprendre « bénéfice », comme tu l’entends, cette mention de la non déduction des charges serait erronée, puisque dans un bénéfice, les charges sont bien déduites, par définition.

      • Cela signifie concrètement que la loi fixe à 34% maximum du CA les dépenses dans le cadre de ce type d’activité. Au-delà du seuil de 34%, les dépenses sont soumises à imposition. Cela me semble tout à la fois ridicule et arbitraire, et d’autant plus avec ce plafond de 32600€. Cela manque terriblement de souplesse.

      • C’est exactement ça ! Ils estiment manifestement que l’édition de livre papier génère une marge pour l’auteur indépendant de l’ordre de 66%. Aaaaah, si seulement c’était vrai !

      • Ce qui revient d’ailleurs à doublement imposer les dépenses (au moins partiellement), puisque les sous que tu donnes à l’imprimeur, par exemple, vont eux-même participer à lui faire faire des bénéfices, qui seront imposés ! L’admirable tour de force fiscal que voilà !!! L’inventivité des pondeurs de règles fiscales n’a pas de limites.

      • Sans compter que derrière, tu payes aussi ta TVA sur tes produits que tu achètes (pas les livres, mais dans la vie quotidienne), tes impôts fonciers, tes impôts locaux… Qui a dit asphyxie?

        Et la CSG à laquelle on contribue à hauteur 3335€ par an avec un CA de 32600€ par an, elle lui permet quoi, à l’auteur autoédité? De bénéficier de la prestigieuse Couverture Maladie Universelle! Champagne!

      • Alors vu que je suis salarié, à côté, payer la CSG ne me permet même pas de bénéficier de la CMU ^^’ Qui a dit « baisse ton pantalon » ? Oups, pardon.

  4. Merci pour cet article très complet sur la question.
    Pour commencer, je fais la même distinction que vous entre l’auto-publication et l’auto-édition (j’en parle dans mon rapport d’enquête auprès de 130 auteurs francophones auto-édités), et vous avez raison de la mentionner. Trop de gens croient que l’aventure continue toute seule comme par magie dès la publication. Évidemment, dans auteur autoédité, il y a tout un rôle d’auteur à prendre en considération.
    Dans cette double fonction, il y a donc deux fois plus de travail. Et par conséquent deux fois moins de temps pour écrire 😉
    La rémunération d’un auteur auto-édité ne doit donc pas faire rêver avec ces chiffres alléchants de 70% de royalties, que vous avez brillamment ramenés à leur juste valeur.
    Parmi les 130 auteurs qui ont répondu à mon enquête, les 3 quarts tirent moins de 100€ par mois de la vente de leurs ouvrages, 50% gagnent moins de 50€, et 35% moins de 15€.
    Malgré tout, l’auto-édition est à mon avis un excellent choix pour celles et ceux qui veulent s’inscrire dans la durée. Pas de problème de livres non réédités, dont les droits auraient été cédés à une maison d’édition. Les auteurs gardent la main sur leur travail, et peuvent donc, s’ils s’obligent à une certaine rigueur éditoriale, espérer en toute objectivité un accroissement de leurs ventes au fur et à mesure que leur catalogue s’étoffera.
    Actuellement, entre 4 et 7% des autoédités gagneraient plus de 2000€.
    4% parce qu’il s’agit de ceux qui ont répondu précisément à la question, et 7% parce que parmi ceux qui ont préféré la discrétion, je sais qu’il y en a qui en vendent tout autant voire plus que les premiers 😉
    Une fois ce cap franchi de 2000€, par contre, il semblerait que les revenus s’envolent assez vite. 3% gagnent officiellement plus de 5000€.
    Tous ces chiffres ne doivent pas pour autant faire perdre la tête et nous éloigner de l’essentiel : le plaisir d’écrire, le besoin de partager ce qui nous brûle dans les entrailles, et l’ivresse de se sentir libre sur toute la ligne 😉

    • Vous l’avez dit, la clé est là: « l’auto-édition est à mon avis un excellent choix pour celles et ceux qui veulent s’inscrire dans la durée ».
      En effet, c’est la durée (avec en corollaire la persévérance et le travail) qui bâtissent une carrière. C’est aussi vrai pour les « tradis », mais la différence c’est que la durée de vie d’un livre papier est très faible pour une large part des jeunes auteurs peu connus. Sera-ce le cas pour les « tradis » publiés en numériques? Je crois que le marché est encore trop immature pour qu’on puisse répondre sereinement à cette question. Mais si les éditeurs se décidaient à baisser les tarifs de leurs parutions numériques, les « tradis » auraient soudain une carte à jouer, je pense. Car ils gagneraient cette notion de « durée de vie des oeuvres » qui fait actuellement la force des auteurs indés, il me semble. Attention: c’est un peu réducteur, ce que je dis, mais on parle de tendance à long terme et qui est capable d’anticiper l’avenir de l’édition numérique traditionnelle, à ce stade? Pas moi, en tout cas.

      • Cela dépend des tradis. Mais pour les gros éditeurs, le choix semble déjà fait, puisque suite aux négos avec Amazon, ils ont augmenté le prix des ebooks afin de protéger, encore et toujours, leur marché sur le papier.

        Cette augmentation a généré une baisse des profits sur l’ebook pour tous les gros éditeurs, et notamment Hachette (Idboox en a parlé récemment).

        Le choix stratégique des éditeurs est clair: le numérique est sacrifiable, les auteurs sont sacrifiables du moment que l’on protège le seul marché sur lequel on a la mainmise.

        Perso, je pense que l’avenir n’est pas du côté des gros éditeurs. En ce moment, ils jouent sur la dichotomie entre le papier et le numérique, entre la fracture entre une partie de la population qui reste attachée au papier et celle qui va vers le numérique. Mais, quid des nouvelles générations d’auteur?

        On sait que les enfants et ados font partie du public attaché au livre papier. Mais on sait aussi qu’ils surfent beaucoup plus que les anciennes générations (et pour cause, de nombreuses générations, dont la mienne, n’avaient pas Internet dans leur enfance).

        Leurs infos sur leurs choix professionnels au moment de devenir auteur, ils les prendront sur Internet, pas dans Le Figaro ou le Monde. A moins qu’il ne soit vraiment inscrit dans le code génétique des auteurs de se faire exploiter, ce dont je doute, ils iront massivement vers l’autoédition. Et à partir du moment où ils seront beaucoup mieux informés, s’ils vendent bien sur le Net, ils feront leurs calculs, et si des éditeurs veulent négocier des cessions de droit, ils auront intérêt à mettre beaucoup d’argent sur la table.

        Dans ces conditions, les gros éditeurs pourront-ils survivre? J’ai un doute, parce que leur modèle commercial est vraiment fondé sur l’exploitation des auteurs. Pour preuve, le rachat d’Author Solutions, une société arnaquant allègrement les auteurs, par Penguin-Random.

        En France, un éditeur comme Hachette peut tenir grâce aux marchés publics sur les livres scolaires notamment, mais je ne serais pas étonné qu’ils essaient aussi d’exploiter la crédulité d’auteurs mal informé sur le net. Il faudra bien qu’ils déplacent leur modèle économique d’exploitation des auteurs, si les auteurs eux-même se déplacent sur le net.

      • On est d’accord que les plus gros éditeurs ne prennent pas une direction souhaitable pour leurs auteurs, c’est clair. Changeront-ils leur fusil d’épaule lorsque la situation sera devenue intenable? Rien n’est moins sûre car comme tu dis, ils sont diversifiés et peuvent donc compter sur d’autres sources de profits, dans un premier temps. Mais combien de temps cela durera-t-il? Mystère…

  5. C’est un article tres complet qui traite d’un sujet mal connu en effet. La France est dans la situation actuelle en partie a cause de ce genre de lois kafkaiennes. Des qu’une personne veut se lancer, immediatement elle est confrontee a un monde fiscal qui est fait pour que ceux qui le connaisse puisse s’y soustraire. Des lors, un pauvre petit auteur independant apprend qu’il devra d’abord payer avant meme de gagner quoi que ce soit, s’inscrire et cotiser a tel ou tel organisme, devra choisir tel ou tel regime fiscal etc… Il faut quasiment une matrise de droit avant de commencer.
    Cela dit, ces considerations sur tel ou tel aspect de la fiscalite concernent surtout le auteurs qui generent deja un salaire considerable grace a leurs ebooks ou leurs livres auto-publies. Je crois pouvoir dire (sans preuves) que l’immense majorite des auteurs auto-edites ne gagnent quasiment rien (personnelement ca doit tourner autour de 0.50 euros par mois… 🙂 ) et qu’ils/elles ne se sentent pas vraiment concernes. 🙂

    • Bonjour Robert. Merci de ta visite et de ton commentaire !
      Et je suis d’accord avec toi: l’écrasante majorité des auteurs (indépendants ausi bien que « tradis », d’ailleurs) ne gagnent pas de quoi se payer le beurre pour leurs pasta de midi.
      Mais du coup, ces auteurs, lorsqu’ils sont indépendants, risquent de se retrouver en très nette perte sur leur activité, comme nous allons le voir ce soir et demain soir.
      Ceci dit, il ne faut pas négliger qu’un auteur recherchant la voie « tradi » perdra pas mal d’argent en impression de manuscrits et envois postaux avant (peut-être?) de décrocher une hypothétique publication. Publication qui, trop souvent, lui rapportera très peu, surtout s’il passe par une petite maison d’édition, qui n’aurait pas les moyens de lui verser un a-valoir.
      Bref. le sujet est vaste ! ^^

    • Remarque pleine de bon sens, Robert. Mais je peux vous dire qu’il y a une différence énorme entre gagner 0.50€ par mois et ne rien gagner du tout. Il y a presque dix ans maintenant, je m’autopubliais sur lulu.com. Et là, je peux vous certifier que la visibilité était vraiment nulle, on ne gagnait rien.

      La grosse différence avec Amazon (et les autres plates-formes), c’est qu’ils donnent un tout petit peu de visibilité, pas assez pour en vivre bien sûr, mais c’est déjà quelque chose qui peut permettre d’espérer plus, surtout si on se professionnalise.

      Et l’immense différence avec l’édition tradi, c’est la prise directe avec le marché: vous n’attendez pas des années avant que votre manuscrit soit sélectionné, vous n’attendez pas, une fois qu’il a été sélectionné, deux ans avant qu’il soit publié, puis un an avant de recevoir vos royalties, vous pouvez tester tout de suite auprès du public, voire le mettre gratuit en sollicitant des conseils et des commentaires, bref un retour du public, dans le livre. Vous pouvez aussi l’envoyer à des bloggeurs, etc. Bref, vous mettez le pied à l’étrier tout de suite.

      • Je suis d’accord. J’avais, comme beaucoup, debute avec lulu il y a une dizaine d’annees (apres avoir effectivement depense trop d’argent en photocopies ou en timbres…). Dire qu’a cette epoque lulu.com etait de loin le leader inconteste de l’auto edition… 🙂 A l’epoque on pouvait deja telecharger des PDFs, mais bien sur l’arrive d’Amazon et des liseuses a soudainement relegue lulu au second plan. Et meme, avec Createspace, Amazon va surement (peut-etre est-ce deja fait) donner un drole de coup a lulu en ce qui concerne les livres papiers.
        C’est sur que recevoir des royalties par mensualites c’est beaucoup mieux que d’avoir a attendre 1 an voire 18 mois pour recevoir parfois quelques centaines d’euros avec un editeur classique. Le seul veritable avantage des maisons classique seraient les a-valoirs, qui, pour certains auteurs qui ne vendent meme pas beaucoup, sont parfois etonnamment eleves.
        L’auto-edition va peut-etre se developper en France ou elle reste toutefois encore bien confidentielle quand on compare aux situations des USA , du RU ou d’autres pays. Nous verrons bien.

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  7. Pingback: Calcul de la rentabilité d’un livre (papier ou ebook) pour un auteur indépendant… | L'Auberge Blévalienne
  8. Salut Pascal,
    Article sacrément intéressant, merci beaucoup d’avoir pris le temps de détailler tout ça ! Ça m’a aidé à y voir plus clair (important pour qui veut se professionnaliser). Merci aussi pour le lien vers l’article de Jacques. Effectivement, les 70% d’Amazon ne sont qu’une « promesse », à chacun de gérer l’aspect fiscal ensuite… En tout cas, je ne risque pas de prendre le statut d’autoentrepreneur.
    Je ne savais pas qu’Amazon retenait un forfait de 12cts pour chaque Mo. Pour un e-book lourd, ça ne vaut le coup que si on le vend plus proche du 9€ que du 2,99€ 😉
    Je vends aussi sur ma boutique perso. C’est un peu plus avantageux pour moi que sur Amazon où je ne touche que 35% puisque mes nouvelles sont à 0,99€. Mais le prélèvement Paypal se fait sentir, avec les 28cts fixes par transaction. Il n’y a que si la personne achète plusieurs nouvelles d’un coup que ça en atténue l’effet. Mais tout ça va changer avec mon 1er roman XD
    Je vais lire tes deux autres articles !
    A+

    • Merci, Jérémie, d’être passé dans mon humble taverne ! Oui, vendre par soi-même présente quelques avantages, mais pas à l’unité pour un texte de 0,99€, tu as mille fois raison. 😉

      Et tant mieux si cet article a pu t’apporter quelques infos concernant Amazon et ces fameux frais de livraison numériques !

  9. Je suis tombée sur cet article par hasard, car j’ai comme projet d’auto publier (en anglais) d’ici quelques moins. Je suis déjà auto entrepreneur pour une activité de formation en langues et me demande comment tout cela va s’organiser si je franchis le cap de l’auto publication. Je suppose que j’aurais une odyssée dans l’administration devant moi…

    • Le problème, c’est que les agents du fisc n’ont pas tous la même réponse à la même question… Une solution peut être de créer une association, par exemple, mais en faisant très attention néanmoins. Mieux vaut se renseigner, là encore.

      Quoi qu’il en soit, je vous souhaite bonne chance et bon courage ! 🙂

      • Merci. J’ai un peu l’habitude des réponses très différentes (de personnes travaillant dans le même bureau) à propos d’un autre sujet et venant de l’urssaf…

  10. Bonjour
    Pour rebondir sur les 34%. Je lis sur le site du RSI (Régime social des indépendants), qu’il y a 2 types de déclaration des BNC :
    1) Le régime micro-BNC/spécial BNC : imposition sur le bénéfice avec « abattement forfaitaire représentatif des charges de 34% qui prend en compte les cotisations sociales du chef d’entreprise ». Avec dispense de la TVA.
    2) Le régime de la déclaration contrôlée : imposition sur « le bénéfice net calculé par la différence entre le produit des recettes et le montant des charges sur un exercice ». Paiement de la TVA : égal au produit de la TVA encaissée, diminuée du montant de la TVA payée sur les biens et services acquis pour les besoins de l’entreprise.

    Donc on peut déclarer des bénéfices réels. Par contre 1) il faut pouvoir justifier de tout (ça je l’ai lu ailleurs), et c’est bien normal. 2) il faut voir si c’est valable pour la TVA, et je ne sais pas, n’y comprenant rien…

    Emmanuel (futur auto-édité papier naviguant entre BNC et BIC, quel pataquès…)

    • Merci pour cette information (et désolé de « l’approuver » si tardivement. Je note que le régime de la déclaration contrôlée impose un administratif d’un tout autre niveau que celui de la micro BNC, notamment si cela contraint à déclarer sa TVA (est-ce facultatif dans le cadre de la « déclaration contrôlée »?)

  11. Extrêmement intéressant comme article. Je ne ferai pas de pub ici, mais nous venons de lancer notre petite ME en autoentreprise, avec une belle équité entre éditeur et auteurs / illustrateurs (si si !) . On déclare donc le CA avec un abattement fiscal, l’état considérant que l’on aura environ 70% de charges, ce qui n’est pas faux, entre imrpimeurs, corrections, couvertures et salons. Par contre, se rendre compte que l’on paye nos charges sociales sur un CA qui comprend également les charges sociales de l’auteur que l’on va verser nous-mêmes à l’AGESSA (et que ça ne leur servira à rien), là ils sont très très forts !

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